Le discours guerrier du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a appelé au boycott du Tribunal international chargé de l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et des victimes des attentats qui ont suivi, a fait monter la pression de plusieurs crans dans le pays et replongé la population dans les affres d'une inquiétude insidieuse quant à une dégradation de la situation sécuritaire.
Les condamnations vigoureuses, tant locales qu'internationales, notamment de l'ONU et de la part des Occidententaux qui ont manifesté leur "profonde inquiétude" qualifiant la situation au Liban et dans la région "d'hyper dangeureuse", a également conforté la peur des Libanais d'un dérapage sécuritaire probable, surtout après l'incident de la banlieue sud où des éléments aguerris du Hezb, certains déguisés en femmes, s'en sont pris à des enquêteurs du TSL, les agressant physiquement et les obligeant à quitter les lieux manu militari.
Beaucoup d'observateurs ont vu dans ces évènements la fin de l'ombrelle sécuritaire "SS" syro-saoudienne qui est supposée être la garantie de la stabilité au Liban depuis le sommet tripartite Abdallah d'Arabie-Assad-Sleiman, qui a eu lieu au Liban le 30 juillet dernier, du fait des coups de boutoir de l'Iran et du Hezb qui font monter les enchères en fonction d'un agenda qui est apparemment différent de l'axe syro-saoudien. Ces observateurs ajoutent que la Syrie est agacée par le rôle grandissant de l'Iran au Liban au détriment de Damas qui a toujours été et qui se veut toujours le premier acteur arabe sur la scène locale. La Syrie, ajoutent ces observateurs, voudrait reprendre la main, surtout que les Occidentaux et notamment les États-Unis, après avoir tenté d'avoir son aide pour conseiller la modération à ses alliés au Liban, la tiennent désormais pour responsable de toute "atteinte à la stabilité libanaise".
Cependant, malgré le coup d'accélérateur de Nasrallah et les dangers que suppose la radicalisation de son attitude, on note un autre coup d'accélérateur dans les efforts saoudiens pour contrer ces dangers en redéfinissant le rôle de l'ombrelle syro-saoudienne dans une tentative d'arriver à un compromis avec l'Iran et de le convaincre d'intégrer l'ombrelle sécuritaire syro-saoudienne en devenant la troisième composante de cet axe. Quel en sera le prix, nul ne le sait encore d'autant plus que des sources proches de la majorité doutent de la possibilité de mettre sur pied un tel tryptique, l'Iran, avancent-ils, refusant de mettre en danger ses acquis au Liban, qui sont menacés par la possible accusation qui plane au-dessus du parti de dieu qui pourrait figurer dans l'acte d'accusation du TSL comme un des complices de l'assassinat de Rafic Hariri et ses compagnons d'infortune.
Quoi qu'il en soit, les Saoudiens, avec l'aval de la Syrie et de l'Égypte, ont déjà entamé leurs démarches conciliatrices. C'est ainsi que l'ambassadeur d'Arabie saoudite, Ali Aouad Osseïri, entreprend déjà des contacts tous azimuts avec les parties libanaises pour sonder leurs intentions quant aux efforts de son pays en direction de l'Iran pour l'amener à intégrer l'axe syro-saoudien garant de la stabilité au Liban.
Le clou de ces efforts pourrait se concrétiser mardi prochain par un "sommet" tripartite à Beyrouth des ambassadeurs saoudien, Ali Aouad Osseïri, syrien, Ali Abdel Karim Ali, et iranien, Ghadanfar Rakan Abadi. Les trois diplomates, après avoir certainement reçu des instructions de leurs gouvernements respectifs, pourraient à l'issue de cette rencontre, annoncer un accord susceptible de désamorcer, ponctuellement du moins, l'escalade et permettre ainsi aux responsables libanais de discuter du dosssier du TSL et de ses derniers développements à la prochaine table de dialogue prévue pour le 4 novembre à Baabda et éloigner cette coupe amère du Conseil des ministres mis "en vacances" pour ne pas envenimer une situation déjà très tendue.
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