Par Patricia KHODER | 18/03/2011
Dans son documentaire, Carol Mansour traite le droit des femmes à accorder la nationalité à leurs enfants et leur mari.
À l'occasion de la Journée mondiale de la femme célébrée le 8 mars, la campagne libanaise « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille » a projeté le film de Carol Mansour « Koullouna lil watan » au théâtre Babel.
Koullouna lil watan est un documentaire de 52 minutes qui pose le problème du droit à la nationalité d'hommes mariés à des femmes libanaises ou d'enfants nés de père étranger et de mère libanaise.
Le film raconte cinq histoires et la caméra de Carol Mansour visite cinq foyers montrant les déboires - voire l'humiliation - de familles dont certains des membres vivent au Liban grâce à un permis de séjour ou sont sans papiers.
Le film raconte cinq histoires et la caméra de Carol Mansour visite cinq foyers montrant les déboires - voire l'humiliation - de familles dont certains des membres vivent au Liban grâce à un permis de séjour ou sont sans papiers.
Zeynab habite la Békaa, elle est née d'une mère libanaise et d'un père égyptien. Ce dernier est décédé alors qu'elle était en bas âge. Elle a vu le jour dans le village de Douris et a grandi au Liban. Zeynab n'a pas de papiers. Son père est mort avant de l'enregistrer en Égypte et sa mère, avec la loi actuelle, ne peut pas lui transmettre la nationalité libanaise. Zeynab n'existe pas dans les registres de l'État libanais. Elle sait qu'elle peut bénéficier actuellement de la nationalité égyptienne, mais elle n'en veut pas. Elle dit qu'elle n'acceptera que des papiers d'identité libanais.
Adel est égyptien. Il est avocat. Marié à une Libanaise, il vit à Beyrouth et il a deux enfants. Il parle de l'humiliation subie souvent à la Sûreté générale quand il s'y rend pour un permis de séjour. Il a même été expulsé une fois du territoire libanais. Ses deux fils, nés au Liban mais ne portant pas la nationalité du pays, disent qu'ils ont envie de vivre en Égypte, où à leurs yeux la situation de leur père ne serait pas aussi difficile.
Myriam est libanaise. Elle est mariée à un Anglais et vit avec sa famille à Beyrouth. Deux de ses trois enfants sont nés hors du Liban. L'un d'eux a terminé ses études et s'est établi à Londres, le deuxième suivra son frère et le troisième, qui est toujours à l'école, est champion d'équitation. Au Liban, il n'a jamais eu droit à un trophée. Il est toujours premier au classement, mais il participe hors concours au championnat de la fédération libanaise parce qu'il ne bénéficie pas de la nationalité.
Une loi datant de 1925
Lamia vit au Canada avec sa fille, Leila, née de père canadien. Elle aimerait revenir vivre au Liban. La seule chose qui l'empêche de rentrer est que sa fille devrait s'y installer avec un permis de séjour. La jeune femme passe plusieurs semaines de l'année au Liban avec sa fille afin que cette dernière puisse se construire une identité libanaise, même si elle ne bénéficie pas de la nationalité.
Sélim est libanais de Dmit, mais lors du recensement de 1932, son père était loin du village. Résultat : lui et ses frères sont des sans-papiers. Il raconte qu'il a beaucoup réfléchi avant de se marier. Aujourd'hui, il est père de famille. Ses enfants n'ont pas de papiers d'identité. Sélim projette d'émigrer au Canada.
Koullouna lil watan raconte donc cinq histoires de Libanais, qui entre une séquence et une autre agitent le drapeau d'un pays qu'ils aiment, auquel ils appartiennent, mais dont ils ne possèdent pas la nationalité.
Le documentaire se penche brièvement sur les lois libanaises, notamment celle de 1925 qui permet à l'homme de passer la nationalité à ses enfants et à son épouse, et le décret de 1994 sur la naturalisation. Il montre également un cas spécifique de sans-papiers, nés dans le pays de parents libanais, mais qui sont connus sous l'appellation « maktoumi al-kayed » (à l'identité cachée).
Les femmes filmées, qui appartiennent à diverses classes sociales et communautés, ignoraient qu'elles ne pouvaient pas transmettre la nationalité à leur mari et à leurs enfants... jusqu'au moment de l'enregistrement du mariage, ou encore à la naissance du premier enfant.
Le documentaire qui a été filmé dans le cadre de la campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille » a été financé par les ambassades d'Allemagne et des Pays-Bas. La responsable de la campagne, Lina Abou Habib, a indiqué à L'Orient-Le Jour que le film sera projeté à diverses occasions, rappelant que cette campagne avait été lancée au Liban et dans le monde arabe en 2002 dans le but d'inciter les pays de la région à respecter sans réserve toutes les clauses de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Depuis le début de la campagne, sept États arabes ont modifié leurs lois, notamment en ce qui concerne l'octroi de la nationalité à des enfants nés de femmes originaires du pays et d'un homme étranger. Ces pays sont l'Égypte, l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie, les territoires autonomes palestiniens et le Yémen.
Carol Mansour a de son côté souligné à L'Orient-Le Jour qu'elle a elle-même beaucoup appris sur la situation des femmes et des lois sur la nationalité en filmant son documentaire. Elle note que lors de la première projection, la semaine dernière, l'audience était très réceptive.
Carol Mansour, qui effectue un travail de création et de production auprès de diverses agences onusiennes et organisations non gouvernementales, a déjà plusieurs documentaires et courts-métrages à son actif, notamment 100 % asphalte sur les enfants des rues, Un été à ne pas oublier sur la guerre de 2006 et Maid in Lebanon sur la situation des domestiques étrangères au Liban. Ses films ont été montrés et primés dans plusieurs festivals à l'étranger.
Adel est égyptien. Il est avocat. Marié à une Libanaise, il vit à Beyrouth et il a deux enfants. Il parle de l'humiliation subie souvent à la Sûreté générale quand il s'y rend pour un permis de séjour. Il a même été expulsé une fois du territoire libanais. Ses deux fils, nés au Liban mais ne portant pas la nationalité du pays, disent qu'ils ont envie de vivre en Égypte, où à leurs yeux la situation de leur père ne serait pas aussi difficile.
Myriam est libanaise. Elle est mariée à un Anglais et vit avec sa famille à Beyrouth. Deux de ses trois enfants sont nés hors du Liban. L'un d'eux a terminé ses études et s'est établi à Londres, le deuxième suivra son frère et le troisième, qui est toujours à l'école, est champion d'équitation. Au Liban, il n'a jamais eu droit à un trophée. Il est toujours premier au classement, mais il participe hors concours au championnat de la fédération libanaise parce qu'il ne bénéficie pas de la nationalité.
Une loi datant de 1925
Lamia vit au Canada avec sa fille, Leila, née de père canadien. Elle aimerait revenir vivre au Liban. La seule chose qui l'empêche de rentrer est que sa fille devrait s'y installer avec un permis de séjour. La jeune femme passe plusieurs semaines de l'année au Liban avec sa fille afin que cette dernière puisse se construire une identité libanaise, même si elle ne bénéficie pas de la nationalité.
Sélim est libanais de Dmit, mais lors du recensement de 1932, son père était loin du village. Résultat : lui et ses frères sont des sans-papiers. Il raconte qu'il a beaucoup réfléchi avant de se marier. Aujourd'hui, il est père de famille. Ses enfants n'ont pas de papiers d'identité. Sélim projette d'émigrer au Canada.
Koullouna lil watan raconte donc cinq histoires de Libanais, qui entre une séquence et une autre agitent le drapeau d'un pays qu'ils aiment, auquel ils appartiennent, mais dont ils ne possèdent pas la nationalité.
Le documentaire se penche brièvement sur les lois libanaises, notamment celle de 1925 qui permet à l'homme de passer la nationalité à ses enfants et à son épouse, et le décret de 1994 sur la naturalisation. Il montre également un cas spécifique de sans-papiers, nés dans le pays de parents libanais, mais qui sont connus sous l'appellation « maktoumi al-kayed » (à l'identité cachée).
Les femmes filmées, qui appartiennent à diverses classes sociales et communautés, ignoraient qu'elles ne pouvaient pas transmettre la nationalité à leur mari et à leurs enfants... jusqu'au moment de l'enregistrement du mariage, ou encore à la naissance du premier enfant.
Le documentaire qui a été filmé dans le cadre de la campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille » a été financé par les ambassades d'Allemagne et des Pays-Bas. La responsable de la campagne, Lina Abou Habib, a indiqué à L'Orient-Le Jour que le film sera projeté à diverses occasions, rappelant que cette campagne avait été lancée au Liban et dans le monde arabe en 2002 dans le but d'inciter les pays de la région à respecter sans réserve toutes les clauses de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Depuis le début de la campagne, sept États arabes ont modifié leurs lois, notamment en ce qui concerne l'octroi de la nationalité à des enfants nés de femmes originaires du pays et d'un homme étranger. Ces pays sont l'Égypte, l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie, les territoires autonomes palestiniens et le Yémen.
Carol Mansour a de son côté souligné à L'Orient-Le Jour qu'elle a elle-même beaucoup appris sur la situation des femmes et des lois sur la nationalité en filmant son documentaire. Elle note que lors de la première projection, la semaine dernière, l'audience était très réceptive.
Carol Mansour, qui effectue un travail de création et de production auprès de diverses agences onusiennes et organisations non gouvernementales, a déjà plusieurs documentaires et courts-métrages à son actif, notamment 100 % asphalte sur les enfants des rues, Un été à ne pas oublier sur la guerre de 2006 et Maid in Lebanon sur la situation des domestiques étrangères au Liban. Ses films ont été montrés et primés dans plusieurs festivals à l'étranger.
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