À l'approche de la publication de l'acte d'accusation dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri, le camp du 8 Mars abonde dans la surenchère contre le Tribunal spécial pour le Liban, lui imputant des intentions de discorde interne, le prenant aussi comme prétexte pour détruire la crédibilité de la justice libanaise et du gouvernement.
Ainsi, l'ancien Premier ministre Sélim Hoss s'étonne « des tergiversations » de cette justice qui n'a entamé « aucune action » à l'encontre des faux témoins, en dépit « d'une demande populaire pressante dans ce sens ».
De son côté, l'ancien député Oussama Saad a rappelé que le gouvernement doit donner la priorité au « règlement des préoccupations des citoyens, tant en ce qui concerne le TSL qu'au niveau de leur protection contre tous les dangers extérieurs ». Il a ainsi estimé que le gouvernement actuel a « failli à sa tâche », accusant même le Premier ministre Saad Hariri de partialité.
Plus virulent à l'égard du gouvernement qu'il qualifie de celui « de la honte », l'ancien ministre Abdel Rahim Mrad va jusque lui souhaiter « l'explosion », et juge que le TSL « ne jouit d'aucune validité légale, n'ayant pas été signé par le chef de l'État de l'époque » (Émile Lahoud). Il a ainsi appelé les Libanais à « refuser le TSL en bloc, ainsi que toute décision qui en émanerait ».
Prenant le relais, l'ancien député Hassan Yaacoub a fustigé les défenseurs du TSL, « des parieurs perdants qui seront les premières victimes de la discorde ». Sur sa lancée, M. Yaacoub a violemment critiqué le dernier discours de Samir Geagea, notamment dans sa prise de position en faveur du TSL, l'accusant de « se moquer du monde ». « Nous savons, a-t-il encore dit, qu'il (Samir Geagea) fait partie de ceux qui attisent le feu de la discorde afin d'arriver à l'embrasement total. » Poursuivant son attaque, l'ancien député a enfin jugé que le chef des Forces libanaises « contribue à l'exil des chrétiens du Liban en concrétisant le plan Kissinger ».
Cheikh Hachem Minkara a pour sa part déclaré que le TSL « servait les intérêts israélo-américains, contre la résistance », assurant que le tribunal « avait perdu toute sa crédibilité après l'affaire des faux témoins et l'emprisonnement des quatre généraux ».
Lui faisant écho, Ammar Moussawi a jugé qu'il est possible de maintenir la paix tout en empruntant la voie vers la justice, « mais pas de la manière dont on le voit actuellement », arguant encore de l'affaire des faux témoins. Évoquant le financement du TSL, M. Moussawi a considéré que le fait de le refuser illustrait bien le désaccord des Libanais sur la validité de ce tribunal, déplorant le fait que « les bons conseils de Walid Joumblatt ne soient pas assez entendus ». Analysant les propos de Saad Hariri parus dans le journal asharq el-Awsat, il a estimé que le Premier ministre « a réglé ses divergences avec la Syrie, mais actuellement, il en a d'autres à régler avec une faction locale ». « Les décisions du TSL ne sont pas sacrées, a-t-il conclu, et les Libanais n'auraient rien à craindre en les refusant, s'ils s'unissaient. »
Les propos du député Imad el-Hout du bloc Amal se veulent plus rassurants. Il a en effet appelé « à la vigilance contre une discorde interne dont les retombées n'épargneraient personne », rappelant que « le seul ennemi restait Israël » et que les Libanais gagneraient à continuer à œuvrer pour l'édification d'un État fort et uni.
No comments:
Post a Comment