The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

Search This Blog

October 5, 2010

L'Orient le Jour - "Threats of strife, a recurrent theme in the history of international tribunals", affirms the STL spokesperson in Beyrouth - October 5, 2010

INTERVIEW Pour avoir occupé pendant douze années consécutives le poste de porte-parole pour le Tribunal pénal de l'ex-Yougoslavie (TPIY) - huit ans comme porte-parole du bureau de communication du tribunal et quatre années au sein du bureau des procureurs successifs, Carla Del Ponte et Serge Brammertz -, Mme Olga Kavran, désormais responsable du bureau de communication du TSL à Beyrouth, possède toute l'expérience qu'il faut pour pouvoir effectuer une analyse du climat politique qui a entouré le travail de ces cours spéciales.

Dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour, la nouvelle responsable du bureau de communication du Tribunal spécial pour le Liban à Beyrouth, Mme Olga Kavran, met en relief certains éléments-clés qui ont marqué les réalisations effectuées par le Tribunal pénal de l'ex-Yougoslavie (TPIY) en matière de justice internationale, en dépit des craintes et des menaces de guerre et de discorde qui prévalaient dans ce cas. Un climat qui ressemble fortement à celui qui marque actuellement la scène politique libanaise.
Certes, reconnaît d'emblée Olga Kavran, toute comparaison entre deux pays aux paysages politique et culturel différents est à prendre avec précaution. Mais il n'en reste pas moins que l'on peut tirer quelques similitudes qui peuvent servir à la compréhension des processus en cours.

Parmi les analogies que l'on peut établir entre le TSL et le TPIY, ainsi qu'avec d'autres Cours internationales d'ailleurs, figurent la question de la menace de guerre ou les craintes d'une insurrection civile à l'ombre d'un tribunal international venu en quelque sorte se substituer, parfois partiellement, sinon totalement, au système judiciaire local pour juger les auteurs des crimes commis.
Selon Mme Kavran, ces craintes et appréhensions sont pratiquement un « thème récurrent » chez toutes les sociétés qui ont expérimenté la mise en place d'une instance judiciaire internationale. C'était le cas notamment en ex-Yougoslavie, sachant que l'élément de peur a existé « avant, au moment et après la création du tribunal ». Au moment de la création du TPIY, soit en mai 1993, la guerre grondait encore en ex-Yougoslavie. « À l'époque, soutient la porte-parole, il y avait beaucoup de scepticisme et personne ne croyait que ce tribunal pouvait faire quoi que ce soit, à la lumière surtout des atrocités commises sur les lieux et du fait que lorsque le tribunal a été créé, les atrocités n'ont pas immédiatement cessé. » Une fois le conflit principal en Croatie et en Bosnie terminé (en 1995), les peurs ont redoublé d'intensité, cette fois-ci à cause des premiers actes d'accusation publiés par le tribunal à l'encontre de leaders politiques très hauts placés.
« En Bosnie, on craignait que la guerre ne reprenne si ces leaders venaient à être arrêtés, dit-elle. Lorsque le tribunal a entamé son mandat, il y avait ainsi de grandes craintes qu'il ne contribue à la déstabilisation de la région. Mais on peut dire qu'en définitive, aucune de ces peurs n'a été concrétisée. Aucune guerre n'a été déclenchée qui fut en relation directe avec le tribunal ou à cause de ce tribunal. »
Il y avait certes une guerre au Kosovo en 1999, mais elle n'avait aucun lien avec l'existence du tribunal, encore moins avec la guerre de Macédoine en 2000. En outre, poursuit la porte-parole, les analystes avaient même expliqué à l'époque que la guerre de Macédoine avait été moins sanguinaire qu'elle aurait pu être si ce n'était l'existence du tribunal, qui entre-temps avait réussi à arrêter l'ancien président serbe, Milosevic. L'arrestation du responsable serbe fut un tournant majeur, dit-elle, dans la mesure où les parties au conflit en Macédoine avaient eu peur du fait qu'elles pouvaient être traînées devant la justice à un moment ou à un autre.
« Mais aujourd'hui, lorsque l'on réalise qu'il y a près d'une centaine de personnes qui ont été arrêtées dans le cadre du TPIY, on ne peut que constater qu'il s'agit d'un succès », dit-elle, en insistant toutefois sur le fait que 10 personnes au moins sur 62 ont été acquittées par ce tribunal. « C'est dire qu'un acte d'accusation n'est que le début du processus judiciaire et non la fin », précise-t-elle.
Le Liban n'est cependant pas la Yougoslavie et la situation politique est, dans certains aspects, plus complexe et certainement plus délicate. Du moins, c'est ce qu'affirment certaines voix qui craignent précisément que la guerre civile ne reprenne au pays du Cèdre. Qu'en pense-t-elle ?
À cela, la porte-parole répond : « Ce n'est pas au TSL de déterminer si oui ou non la situation est plus dangereuse, c'est plutôt aux Libanais de résoudre leurs questions politiques. » Certes, admet Mme Kavran, il est presque impossible de comparer entre deux pays. Mais des similarités résident au niveau des menaces ou des craintes d'un éventuel conflit ici et là. « Je peux simplement dire qu'heureusement, ces craintes n'ont pas été concrétisées en ex-Yougolsavie, en tous les cas certainement pas comme les gens l'avaient prévues. »
Mme Kavran rappelle qu'au Cambodge, le tribunal a été créé 30 ans après le conflit.
« Les Cambodgiens, qui étaient très réticents à l'égard de l'établissement de cette cour, ont également menacé d'une guerre qui n'a jamais eu lieu. » Et d'insister : « Il faut savoir que les dossiers que traitent ces tribunaux sont très sensibles. Si ce n'était pas le cas, d'ailleurs, ils auraient été saisis par des tribunaux locaux. Dans tous les pays qui ont connu des instances judiciaires internationales, il y a eu des personnes qui étaient pour et d'autres qui étaient contre. Le schéma est classique. »
La porte-parole rappelle d'ailleurs qu'en ex-Yougoslavie, ce sont plusieurs officiels qui occupaient des postes très importants dans leurs pays, au plan politique, militaire et sécuritaire, qui ont été traînés devant la justice et jugés. « Il faut savoir qu'une large partie de la population avait énormément de respect pour ces personnalités qu'elle considérait parfois comme des héros. Et pourtant, elles ont toutes été arrêtées, sauf deux, qui se trouvent toujours en liberté », dit-elle.
Olga Kavran reconnaît d'ailleurs qu'il y a eu effectivement des pressions politiques exercées par des États tiers sur le TPIY, « mais toutes ces tentatives se sont soldées par un échec. Et le tribunal a finalement réussi à exécuter son mandat, à suivre la procédure telle que prévue et à émettre des actes d'accusation », autant d'activités dont la publication n'a jamais échappé à l'opinion publique qui en était régulièrement informée. La porte-parole tient cependant à faire la différence entre les pressions exercées sur le tribunal pour modifier le cours de la justice et les pressions exercées sur l'État concerné pour qu'il coopère avec le tribunal que ce soit en matière de documents officiels à fournir à l'instance judiciaire ou pour ce qui a trait au rôle de la police ou des forces chargées des arrestations, ou encore des témoins à fournir. Une coopération des États est vitale pour le fonctionnement du tribunal, conclut Mme Kavran. 

No comments:

Post a Comment

Archives