« Monsieur le Ministre, j'ai fait le trajet de Saïda pour assister à cette conférence parce que j'ai su que vous seriez là. Je suis bientôt diplômée et j'essuie des refus successifs de la part des employeurs. Quand je leur rappelle le concept de quota consacré par la loi, ils me renvoient à vous. Je vous prie de me soutenir dans ma recherche d'un emploi. » Ce cri du cœur a été lancé mardi soir par une jeune femme ayant un handicap au ministre des Affaires sociales Sélim Sayegh, au cours de la conférence intitulée « Les journalistes, quel engagement auprès des personnes handicapées ? ». Cette conférence a été organisée à la salle de conférences du Centre culturel français (CCF) rue de Damas, par l'Association DES francophone de journalisme (AFEJ) et la Mission culturelle française au Liban.
En quelques mots, cette étudiante a illustré ce que les conférenciers à la table ronde avaient exprimé en termes passionnants et passionnés avant son intervention : la frustration de voir les aspirations des personnes avec handicap à une vie digne limitées par une image réductrice véhiculée en société et encore trop souvent dans les médias. Et ce malgré le vote d'une loi moderne en 2000, portant le numéro 220, dont 5 % seulement des décrets d'application ont été adoptés. Comment passer de l'idée de la charité et de l'image misérabiliste à la question des droits des personnes handicapées, comment pousser de plus en plus de journalistes à s'engager dans cette voie et exercer leur pouvoir sur l'opinion publique pour une insertion réussie de ces personnes dans la société ?
En quelques mots, cette étudiante a illustré ce que les conférenciers à la table ronde avaient exprimé en termes passionnants et passionnés avant son intervention : la frustration de voir les aspirations des personnes avec handicap à une vie digne limitées par une image réductrice véhiculée en société et encore trop souvent dans les médias. Et ce malgré le vote d'une loi moderne en 2000, portant le numéro 220, dont 5 % seulement des décrets d'application ont été adoptés. Comment passer de l'idée de la charité et de l'image misérabiliste à la question des droits des personnes handicapées, comment pousser de plus en plus de journalistes à s'engager dans cette voie et exercer leur pouvoir sur l'opinion publique pour une insertion réussie de ces personnes dans la société ?
Voilà ce qui a été longuement discuté au cours de cette conférence.
Outre M. Sayegh, les conférenciers étaient Nawwaf Kabbara, président du Forum des handicapés au Liban-Nord et de l'Unité régionale de contrôle de la Convention des droits des handicapés, Tania Mehanna, senior reporter à la LBC, engagée dans les affaires sociales, et Fadi el-Halabi, présentateur de l'émission « Tawassol » à la Future TV, psychothérapeute et président de l'ONG « Edan ». Le débat a été animé par Youmna Chacar Ghorayeb, coordinatrice du programme Afkar et membre de l'AFEJ.
Un « journalisme responsable »
Sélim Sayegh a mis en avant la nécessité de concilier deux impératifs : la visibilité de l'action journalistique et l'obligation de respecter les droits fondamentaux et la dignité humaine. Il a apporté au débat plusieurs points essentiels à ses yeux, parmi lesquels l'accentuation du professionnalisme journalistique, l'adoption d'une charte éthique qui détermine quoi communiquer, la dissémination de la « bonne connaissance », la spécialisation du journaliste dans un domaine social, la responsabilisation des institutions médiatiques envers ce genre de sujets, le sondage de l'opinion publique sur les sujets traités.
Nawwaf Kabbara a estimé que l'un des grands défis à relever est celui d'appliquer une loi qui consacre les droits des handicapés dans un pays où les droits ne sont pas respectés en général. Il a identifié un second défi, celui d'éloigner l'image des personnes avec handicap du paradigme de charité et de faiblesse. « Il faut passer le message que nous sommes tous pareils », a-t-il dit.
S'appuyant sur sa propre expérience journalistique, Tania Mehanna a insisté sur la nécessité de modifier l'image des personnes à besoins spéciaux à la télé. Reconnaissant que les sujets sociaux ne sont pas toujours une priorité pour les journaux télévisés, elle a mis l'accent sur le fait qu'ils sont extrêmement gratifiants et donnent lieu à de nombreuses réactions des téléspectateurs. « Il faut un journalisme plus responsable qui dirige la société vers quelque chose de positif », a-t-elle dit.
Fadi el-Halabi a expliqué la gêne que beaucoup ressentent à la rencontre du handicap qui les renvoie à leurs propres peurs, et déploré le fait qu'un handicapé est souvent limité à une étiquette exclusive de handicapé. Selon lui, un journaliste qui traite le sujet risque d'osciller entre deux représentations : la misère et le désespoir d'une part, le héros qui transcende tous les obstacles d'autre part. « Les personnes handicapées sont comme tout le monde, a-t-il ajouté. Il faut dépasser tout cela et aborder directement les droits, les devoirs et les désirs des handicapés. » L'objectif selon lui : une société inclusive où chacun aurait sa place.
À noter que dans l'audience, une journaliste non voyante prénommée Nicole a parlé du projet avant-gardiste de notre confrère an-Nahar qui a créé, en partenariat avec le ministère des Affaires sociales, le premier journal en braille résumant l'actualité du moment.
Outre M. Sayegh, les conférenciers étaient Nawwaf Kabbara, président du Forum des handicapés au Liban-Nord et de l'Unité régionale de contrôle de la Convention des droits des handicapés, Tania Mehanna, senior reporter à la LBC, engagée dans les affaires sociales, et Fadi el-Halabi, présentateur de l'émission « Tawassol » à la Future TV, psychothérapeute et président de l'ONG « Edan ». Le débat a été animé par Youmna Chacar Ghorayeb, coordinatrice du programme Afkar et membre de l'AFEJ.
Un « journalisme responsable »
Sélim Sayegh a mis en avant la nécessité de concilier deux impératifs : la visibilité de l'action journalistique et l'obligation de respecter les droits fondamentaux et la dignité humaine. Il a apporté au débat plusieurs points essentiels à ses yeux, parmi lesquels l'accentuation du professionnalisme journalistique, l'adoption d'une charte éthique qui détermine quoi communiquer, la dissémination de la « bonne connaissance », la spécialisation du journaliste dans un domaine social, la responsabilisation des institutions médiatiques envers ce genre de sujets, le sondage de l'opinion publique sur les sujets traités.
Nawwaf Kabbara a estimé que l'un des grands défis à relever est celui d'appliquer une loi qui consacre les droits des handicapés dans un pays où les droits ne sont pas respectés en général. Il a identifié un second défi, celui d'éloigner l'image des personnes avec handicap du paradigme de charité et de faiblesse. « Il faut passer le message que nous sommes tous pareils », a-t-il dit.
S'appuyant sur sa propre expérience journalistique, Tania Mehanna a insisté sur la nécessité de modifier l'image des personnes à besoins spéciaux à la télé. Reconnaissant que les sujets sociaux ne sont pas toujours une priorité pour les journaux télévisés, elle a mis l'accent sur le fait qu'ils sont extrêmement gratifiants et donnent lieu à de nombreuses réactions des téléspectateurs. « Il faut un journalisme plus responsable qui dirige la société vers quelque chose de positif », a-t-elle dit.
Fadi el-Halabi a expliqué la gêne que beaucoup ressentent à la rencontre du handicap qui les renvoie à leurs propres peurs, et déploré le fait qu'un handicapé est souvent limité à une étiquette exclusive de handicapé. Selon lui, un journaliste qui traite le sujet risque d'osciller entre deux représentations : la misère et le désespoir d'une part, le héros qui transcende tous les obstacles d'autre part. « Les personnes handicapées sont comme tout le monde, a-t-il ajouté. Il faut dépasser tout cela et aborder directement les droits, les devoirs et les désirs des handicapés. » L'objectif selon lui : une société inclusive où chacun aurait sa place.
À noter que dans l'audience, une journaliste non voyante prénommée Nicole a parlé du projet avant-gardiste de notre confrère an-Nahar qui a créé, en partenariat avec le ministère des Affaires sociales, le premier journal en braille résumant l'actualité du moment.
S. B.
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