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August 12, 2011

L'orient Le Jour - Deux tués dans une explosion à Antélias - AUgust 12, 2011


Par Suzanne BAAKLINI | 12/08/2011

Sur cette photo, on voit la Nissan du juge qu’on croyait visée, et, juste de côté, l’arrière de la BMW X5 empruntée par les deux victimes. À terre, les traces de sang qui témoignent du drame. Photo Michel Sayegh
Sur cette photo, on voit la Nissan du juge qu’on croyait visée, et, juste de côté, l’arrière de la BMW X5 empruntée par les deux victimes. À terre, les traces de sang qui témoignent du drame. Photo Michel Sayegh
SÉCURITÉ Une explosion à Antélias a fait hier deux tués, dont l’un tenait la bombe dans ses mains. Alors qu’on attend toujours les conclusions de l’enquête officielle, le ministre de l’Intérieur a informé le Conseil des ministres que les causes du drame seraient le résultat d’un « conflit personnel ».


C’est vers 11h hier matin qu’une explosion décrite comme « puissante » par des témoins a été entendue dans la région d’Antélias. La charge a explosé dans un petit parking devant le centre commercial Hage, aux abords de Jal el-Dib. Deux hommes ont été grièvement blessés dans l’explosion et ont ensuite succombé à leurs blessures à l’hôpital. Il s’agit des Libanais Hassan Naëf Nassar (né en 1973) et Ihsan Ali Dia (né en 1965). Selon les sources de l’enquête, la nature de leurs blessures montre que la charge a explosé entre leurs mains. Un troisième blessé, Zeidane Élias Zoughaib, était de toute évidence un client du parking : il a été atteint à l’épaule et transporté à l’hôpital.
Selon les premières informations qui ont circulé hier, c’est la voiture d’un juge qui aurait été visée. En effet, une Nissan appartenant au juge Albert Serhan, membre du Conseil d’État, se trouvait dans le parking. Elle y avait été garée par son fils Alain, qui travaille dans une entreprise dont les bureaux se trouvent à proximité. Mais le juge lui-même a exprimé sa conviction, plus tard dans la journée, qu’il n’est pas la cible de l’attentat, précisant qu’il n’a aucun lien avec le tribunal international. « Mon fils est un ingénieur et il gare sa voiture dans ce parking situé près de son bureau, comme ses collègues », a déclaré à l’AFP le juge Serhan, joint au téléphone. « Je n’ai jamais été menacé et personne dans ma famille n’est lié à la politique », a-t-il ajouté.
Certaines sources judiciaires corroborent ce qu’a dit le juge Serhan. Selon elles, il y avait plusieurs voitures dans le parking et elles ont toutes été endommagées, il n’est donc pas sûr que la voiture du juge ait été visée. Toujours selon ces mêmes sources, il est difficile de connaître la puissance de la charge parce qu’elle a explosé entre les mains d’une des victimes, pas sur terre où elle aurait laissé un cratère. De plus, la bombe contenait des billes de fer destinées à en augmenter l’intensité, ce qui explique l’état des deux blessés et les dégâts dans les voitures.
Selon des éléments de l’enquête révélés à la LBC, une caméra de surveillance aurait filmé les deux hommes qui sont descendus de voiture, se sont dirigés vers l’arrière du véhicule. La déflagration a eu lieu juste à ce moment.
Plus tard dans la soirée, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a annoncé les premiers résultats de l’enquête en Conseil des ministres. Ceux-ci rejoignent une version qui avait déjà été relayée par certains médias du 8 Mars, selon lesquels « un conflit d’ordre personnel lié à des questions d’argent a éclaté entre deux commerçants de voitures ». Il a ajouté que les recherches se poursuivent pour trouver un troisième commerçant lié à cette affaire. La charge de 150 grammes se trouvait entre les mains de l’un d’entre eux, et elle a explosé, les tuant tous deux sans causer de grands dégâts par ailleurs, toujours selon le ministre.
Plus tôt dans la journée, le ministre Charbel avait minimisé le risque d’attentat, insistant sur le fait que la bombe semblait être un travail d’amateur et que les deux hommes se trouvaient à bord d’un véhicule légal et avaient sur eux leurs vrais papiers d’identité. Les déclarations officielles n’expliquent toutefois pas pourquoi les deux hommes étaient en possession d’une bombe.
Qui sont les deux tués de l’explosion ? Des premiers éléments ont été apportés par le frère de Hussein, Mazen Ali Dia, qui s’est rendu à l’hôpital après le drame. C’est vraisemblablement dans sa BMW X5 que les deux hommes seraient entrés dans le parking. Elle s’y trouvait toujours après l’explosion. Plusieurs médias ont relayé des propos de Mazen Dia selon lesquels son frère faisait partie du Hezbollah, mais le parti n’a ni confirmé ni infirmé cette information. Il aurait également précisé que les deux victimes travaillent ensemble dans le commerce de voitures allemandes, et qu’elles se trouvaient là pour retirer de l’argent de la banque.

« Un spectacle effarant »
De grands responsables sécuritaires ont inspecté le lieu de l’explosion, notamment le procureur de la République, le juge Sakr Sakr, et le commandant de la gendarmerie, le général Saleh Gebran.
Pour ce qui est des hommes politiques, seul le député Ibrahim Kanaan s’est rendu sur place très rapidement après l’explosion. Il a prié les médias de « ne pas passer aux conclusions hâtives » et d’attendre la fin de l’enquête pour se prononcer.
Le spectacle hier, à Antélias, rappelait celui des nombreuses explosions qui ont secoué le pays jusqu’en 2008. Peu après l’explosion, les Forces de sécurité intérieure (FSI) et l’armée ont bouclé le secteur sur plusieurs centaines de mètres. Cette route étroite et généralement très embouteillée en journée était désertée par les automobilistes, mais les employés des sociétés et des magasins proches étaient nombreux à observer la scène où s’activaient, entre autres, les agents des services d’anthropométrie, prélevant des indices et des échantillons en portant des masques. Des hommes de la police judiciaire étaient là aussi, avec des chiens policiers qui reniflaient les voitures. Des membres des services de renseignements de l’armée étaient également présents.
Dans le parking, fermé au public et aux journalistes, les voitures garées ont toutes les vitres brisées. Mais les dégâts ne se sont pas étendus aux boutiques et aux immeubles environnants.
L’explosion a eu lieu à 11h un jour de travail, les témoins du drame n’étaient donc pas rares. L’un d’entre eux, qui travaille dans un garage à proximité, était l’un des premiers arrivés sur les lieux. Sous couvert d’anonymat, il raconte à L’Orient-Le Jour avoir entendu « une déflagration puissante ». « Quand je suis arrivé sur les lieux, j’ai été témoin d’un spectacle effroyable, dit-il, encore visiblement ému. L’un des blessés était déchiqueté, mais je voyais qu’il respirait encore. L’état des blessés était tellement grave qu’il était impossible d’intervenir pour les aider. D’ailleurs, les forces de l’ordre et les ambulances sont très vite arrivées, et on nous a priés de nous éloigner. »
Un peu plus loin, un groupe d’employés d’une société située dans un centre à proximité regardait la scène de loin. Certains d’entre eux ont leurs voitures garées dans le parking en question et ne pourront pas les récupérer avant la fin de l’enquête. « Nous étions devant nos ordinateurs quand nous avons entendu la déflagration, raconte l’un d’entre eux, refusant d’être nommé. Nous sommes accourus pour vérifier l’état de nos voitures, et nous sommes tombés sur le spectacle horrible des deux blessés. Nous avons aussi remarqué la présence d’un troisième blessé, il était atteint à l’épaule. » 

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