L'orient Le Jour - Élias Murr, Marwan Hamadé et May Chidiac ont rencontré, séparément, une délégation du TSL - August 12, 2011

May Chidiac : L’acte d’accusation portera sur quatre attentats. Photo Marwan Assaf

TRIBUNAL INTERNATIONAL La publication de l’acte d’accusation dans l’affaire Rafic Hariri est une question de jours. Les détails des attentats dirigés contre Hamadé et Murr seront versés au dossier principal.

Les anciens ministres Élias Murr et Marwan Hamadé ont été informés hier par le Tribunal spécial pour le Liban des liens existant entre l’assassinat de Rafic Hariri et les attentats auxquels ils ont survécu. La publication de l’acte d’accusation dans ces trois affaires, considérées désormais comme relevant d’un seul dossier, n’est plus qu’une question de jours.
« Troublantes », « regrettables » sont les épithètes utilisées par les intéressés pour qualifier les informations qu’ils venaient de recevoir, séparément, d’une délégation spéciale du TSL.

Blessés le premier le 12 juillet 2005, le second le 1er octobre 2004 dans des attentats à la voiture piégée, les deux hommes ont rencontré la délégation du TSL au bureau du procureur général Saïd Mirza, au Palais de justice, en présence de l’assistante du procureur Daniel Bellemare, Mme Joyce Tabet.
« Nous respecterons la consigne de discrétion », ont affirmé les deux hommes à l’issue de leurs entretiens respectifs, mais quelques rares éléments en ont été communiqués à la presse.
Ainsi, M. Murr a précisé que les deux attentats sont « liés » à l’attentat qui a coûté la vie au Premier ministre Rafic Hariri (14 février 2005), et à un quatrième, que les deux hommes ont refusé d’identifier.

L’ampleur du complot
« Le TSL nous a dit que l’enquête avait avancé et qu’il ferait bientôt une annonce à ce sujet », a dit M. Hamadé. « L’information qui nous a été donnée est troublante parce qu’elle révèle l’ampleur du complot », a-t-il ajouté, refusant de donner plus de précisions.
M. Murr a également jugé « regrettable » l’information qui lui a été communiquée. « Regrettable aussi bien pour le pays que par rapport aux victimes », a-t-il précisé. « Pourquoi ? C’est la question qui se pose, et c’est ce qui est regrettable », a ajouté l’ancien ministre de la Défense.
À la LBC, M. Murr a souligné que « si l’attentat est regrettable, c’est aussi parce que l’on s’évertue à dire que le TSL est politisé ». « Ainsi, on est victime d’un attentat, mais il est interdit de donner notre avis là-dessus, et si nous le faisons, nous sommes tout de suite accablés, traités de traîtres et dénoncés », a souligné M. Murr.
L’ancien ministre a assuré qu’il ne se porterait pas partie civile contre les personnes identifiées par le TSL comme étant les exécutants de l’attentat, mais qu’il mettrait les meilleurs avocats au service des parents de victimes qui le souhaiteraient et qu’il se tiendrait à leurs côtés.
On sait en particulier qu’un garde du corps d’Élias Murr a trouvé la mort dans l’attentat auquel il a survécu.
Sur le plan judiciaire, la démarche actuelle du TSL signifie que les deux dossiers des attentats contre MM. Marwan Hamadé et Élias Murr seront versés au dossier principal relatif à l’attentat contre Rafic Hariri.

May Chidiac
Les enquêteurs du tribunal de l’ONU ont également rencontré hier l’ancienne journaliste-vedette de la LBC, May Chidiac, grièvement blessée dans une tentative d’assassinat en 2005.
Mme Chidiac a été informée du fait que le lien entre cette tentative et l’affaire Rafic Hariri n’a pu encore être établi.
« La publication de l’acte d’accusation est une question de jours, a précisé Mme Chidiac. Il portera sur quatre des assassinats et impliquera les quatre noms rendus publics par le bureau du procureur Bellemare. Ce dernier a insisté pour m’en informer directement et me rassurer sur le sérieux de l’enquête, qui comprendra encore plusieurs étapes. Pour le moment, l’acte d’accusation portera uniquement sur l’assassinat de Rafic Hariri et sur celui de trois autres personnes, mais je ne divulguerai pas le quatrième nom. »
Pressée de questions par les journalistes, Mme Chidiac a nié que ce quatrième dossier soit celui de Gebran Tuéni ou de Pierre Gemayel.
« No comment », a-t-elle répondu à la question de savoir si le quatrième dossier était celui de Georges Haoui.
On rappelle que le TSL a été créé en 2007 en vertu d’une résolution de l’ONU et que l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri a également provoqué la mort de 22 autres personnes.
Le TSL a émis en juin des mandats d’arrêt contre quatre membres du Hezbollah dans cette affaire. Il a appelé hier ces quatre hommes à se rendre rapidement.