Huit ans après avoir été enlevé, livré à la CIA, torturé
et détenu au secret pendant cinq mois en Afghanistan, le Libanais Khaled
el-Masri, qui détient également la nationalité allemande, a accusé hier la
Macédoine devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) d’avoir été à
l’origine de son calvaire.
L’histoire de cet homme, soupçonné à tort de liens avec el-Qaëda, fut l’un des cas les plus emblématiques d’enlèvement et de détention secrète par la CIA. L’affaire a donné lieu à des enquêtes du Conseil de l’Europe, du Parlement européen et du Bundestag allemand – qui ont largement corroboré son récit –, et à des procédures judiciaires retentissantes en Allemagne et aux États-Unis. Hier, c’était au tour de la Macédoine de devoir s’expliquer, en l’occurrence devant la CEDH, saisie par M. Masri.
Le 31 décembre 2003, alors qu’il se rendait en Macédoine en autocar pour des vacances, il avait été arrêté à la frontière, interrogé pendant 23 jours à Skopje, puis remis à des agents américains qui l’avaient battu, torturé, drogué et placé dans un avion pour Kaboul. Il avait ensuite été détenu au secret pendant près de cinq mois en Afghanistan, avant d’être relâché sans aucune explication et renvoyé en Allemagne, via l’Albanie. Hier, devant les 17 juges de l’instance suprême de la CEDH, la Grande Chambre, réunie à Strasbourg, les avocats de M. Masri se sont attachés à démontrer la part de responsabilité des autorités macédoniennes dans le calvaire de leur client. En outre, ont-ils fait valoir, les autorités n’ont pas mené d’enquête effective sur ces faits, et la plainte au pénal de M. Masri en Macédoine a été classée sans suite en deux mois.
L’enlèvement de M. Masri était une « opération conjointe des services secrets américains et macédoniens, qui impliquait un homme manifestement innocent », a soutenu l’avocat James A. Goldson, de l’ONG Open Society Justice Initiative. Sa mésaventure « n’aurait pas été possible si le gouvernement macédonien avait refusé » de le livrer à la CIA, a renchéri un autre avocat, Darian Pavli, dénonçant une « externalisation de la torture : le gouvernement (macédonien) savait à quels mauvais traitements il l’exposait, il savait que l’avion devait décoller vers Kaboul ».
Le représentant du gouvernement macédonien, Kostadin Bogdanov, a rejeté en bloc les accusations. Sur le fond, rien ne vient corroborer le récit de M. Masri, a-t-il affirmé, préférant s’en tenir à l’hypothèse que le requérant n’a jamais été transféré à Kaboul mais qu’il a quitté la Macédoine de son propre chef par la route et vers le Kosovo. M. Bogdanov a en outre soutenu que la requête était irrecevable car déposée selon lui hors délai.
Les juges européens rendront leur décision, sur la recevabilité et/ou sur le fond, dans un délai non précisé.
Fin 2005, M. Masri avait intenté une action en justice contre les États-Unis, mais sa plainte a été rejetée fin 2007 par la justice américaine, au nom du secret d’État entourant les activités de la CIA. Son cas a également été examiné par la justice allemande qui, en 2007, a lancé des mandats d’arrêt contre 13 agents supposés de la CIA. Le gouvernement allemand a cependant renoncé à les transmettre à Washington.
M. Masri a également intenté à Skopje une procédure civile contre les autorités macédoniennes, auxquelles il réclame 50 000 euros de dommages et intérêts et des excuses. Mais la procédure est suspendue, dans l’attente de pouvoir l’entendre : le requérant est actuellement détenu en Allemagne, où il purge une peine de deux ans de prison pour des faits qui n’ont rien à voir avec cette épopée.
L’histoire de cet homme, soupçonné à tort de liens avec el-Qaëda, fut l’un des cas les plus emblématiques d’enlèvement et de détention secrète par la CIA. L’affaire a donné lieu à des enquêtes du Conseil de l’Europe, du Parlement européen et du Bundestag allemand – qui ont largement corroboré son récit –, et à des procédures judiciaires retentissantes en Allemagne et aux États-Unis. Hier, c’était au tour de la Macédoine de devoir s’expliquer, en l’occurrence devant la CEDH, saisie par M. Masri.
Le 31 décembre 2003, alors qu’il se rendait en Macédoine en autocar pour des vacances, il avait été arrêté à la frontière, interrogé pendant 23 jours à Skopje, puis remis à des agents américains qui l’avaient battu, torturé, drogué et placé dans un avion pour Kaboul. Il avait ensuite été détenu au secret pendant près de cinq mois en Afghanistan, avant d’être relâché sans aucune explication et renvoyé en Allemagne, via l’Albanie. Hier, devant les 17 juges de l’instance suprême de la CEDH, la Grande Chambre, réunie à Strasbourg, les avocats de M. Masri se sont attachés à démontrer la part de responsabilité des autorités macédoniennes dans le calvaire de leur client. En outre, ont-ils fait valoir, les autorités n’ont pas mené d’enquête effective sur ces faits, et la plainte au pénal de M. Masri en Macédoine a été classée sans suite en deux mois.
L’enlèvement de M. Masri était une « opération conjointe des services secrets américains et macédoniens, qui impliquait un homme manifestement innocent », a soutenu l’avocat James A. Goldson, de l’ONG Open Society Justice Initiative. Sa mésaventure « n’aurait pas été possible si le gouvernement macédonien avait refusé » de le livrer à la CIA, a renchéri un autre avocat, Darian Pavli, dénonçant une « externalisation de la torture : le gouvernement (macédonien) savait à quels mauvais traitements il l’exposait, il savait que l’avion devait décoller vers Kaboul ».
Le représentant du gouvernement macédonien, Kostadin Bogdanov, a rejeté en bloc les accusations. Sur le fond, rien ne vient corroborer le récit de M. Masri, a-t-il affirmé, préférant s’en tenir à l’hypothèse que le requérant n’a jamais été transféré à Kaboul mais qu’il a quitté la Macédoine de son propre chef par la route et vers le Kosovo. M. Bogdanov a en outre soutenu que la requête était irrecevable car déposée selon lui hors délai.
Les juges européens rendront leur décision, sur la recevabilité et/ou sur le fond, dans un délai non précisé.
Fin 2005, M. Masri avait intenté une action en justice contre les États-Unis, mais sa plainte a été rejetée fin 2007 par la justice américaine, au nom du secret d’État entourant les activités de la CIA. Son cas a également été examiné par la justice allemande qui, en 2007, a lancé des mandats d’arrêt contre 13 agents supposés de la CIA. Le gouvernement allemand a cependant renoncé à les transmettre à Washington.
M. Masri a également intenté à Skopje une procédure civile contre les autorités macédoniennes, auxquelles il réclame 50 000 euros de dommages et intérêts et des excuses. Mais la procédure est suspendue, dans l’attente de pouvoir l’entendre : le requérant est actuellement détenu en Allemagne, où il purge une peine de deux ans de prison pour des faits qui n’ont rien à voir avec cette épopée.
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/759372/Khaled_el-Masri_accuse_a_Strasbourg_la_Macedoine__de_l%27avoir_livre_a_la_CIA.html
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