The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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May 10, 2012

L'orient le jour - Séminaire de l’Unesco sur les défis de la liberté de la presse : pour un observatoire dans les écoles de journalisme, May 10 2012


Les principaux défis auxquels est confrontée la liberté de la presse ont été au centre d’un séminaire organisé par la Commission nationale libanaise de l’Unesco en collaboration avec le Centre des Nations unies pour l’information.
Sandra NOUJEIM

La déontologie de la presse est un thème de brûlante actualité, tant le journalisme est soumis de nos jours à des pressions croissantes (émergence de nouveaux acteurs de l’information dans le moule des technologies communicationnelles ; emprise des politiques sur un jeu livré aux mutations régionales...). Des considérations que la Commission nationale libanaise pour l’Unesco, en partenariat avec le Centre des Nations unies pour l’information (UNIC), a choisi de traiter dans le cadre d’un colloque de deux jours ayant pour thème « La liberté de la presse : principaux défis et responsabilité professionnelle ».
Des interventions nuancées ont mis l’accent sur les entraves à cette liberté (censure, agressions physiques, contraintes économiques...), en insistant cependant sur le rôle du journaliste, son dynamisme et son initiative individuelle, pour affermir les constantes du métier. Déplorant la culture du sensationnel qui nuit à l’information (un exemple : les débats politiques télévisés), Nahawand Kadri, professeur à l’école doctorale des médias à l’Université libanaise, appelle à s’éloigner désormais de « la dictature des différences », en faveur d’une approche constructive, « qui produit un sens ». L’enjeu est d’allier « la pluralité des opinions et l’unité du groupe ». Entre « le marché » des annonceurs et l’État, les médias se doivent de se démarquer, à travers un travail de « spécialisation et d’approfondissement ».

Lutter contre la paresse généralisée
Pour Nahawand Kadri, pareille efficacité requiert « beaucoup d’efforts » de la part des gens du métier, « qui souffrent aujourd’hui de paresse ». Il s’agirait plutôt d’une attitude d’abandon généralisée à l’échelle de la société. Celle-ci tend vers une solution de facilité et se suffit de l’apparence, parfois sans fondement, du travail bien fait. D’ailleurs, Nabil Bou Mounsef, chef du service des informations locales au Nahar, fait remarquer que « le corps médiatique souffre de grands maux qui sont une transcription presque identique des maux de notre société ». Garder ce postulat en tête permet une réflexion utile sur les moyens de rétablir une déontologie « en dégradation ».
À ce niveau, l’académicien et journaliste Antoine Messarra précise que « la neutralité et l’objectivité ne sont ni possibles ni désirées », puisque les médias sont au cœur « de la transformation pacifique vers la démocratie ». Il préfère s’attarder sur « la pensée indépendante du journaliste et sa loyauté à la confiance que le public lui accorde ». C’est ainsi que la presse peut se démarquer des tendances qui favorisent « l’exécrable dictature de l’avis », aux antipodes de la pensée même. Une pensée souverainiste sur laquelle s’attarde Pierre Abi Saab, responsable de la page culturelle au quotidien al-Akhbar, controversé pour la ligne politique qu’il défend. Dans un pays qui se prévaut de ses espaces de liberté, « le problème n’est pas de dire, mais de faire parvenir » un fait, une idée, un problème, affirme-t-il. Assumer son métier en « toute sincérité », c’est œuvrer sur le long terme, à travers un suivi soutenu de l’information diffusée, pour en optimiser l’effet sur l’opinion et « être capable de changement ».

Déroger aux règles du « sultan »
C’est cela « l’amour du métier », déclare Pierre Abi Saab. Il met en garde toutefois contre les « clowns au service du sultan », un rôle que « beaucoup de ceux qui prétendent être libres jouent en réalité ». Abattre ces règles du jeu implique d’abord de « pouvoir critiquer notre ami parmi les politiques, lorsque son choix ou son acte ne nous plaît pas », conclut-il.
Des critiques qui coûtent parfois cher, comme le rappelle Ayman Mhanna, directeur du centre SKEyes pour les libertés médiatiques et culturelles. Il fait état d’un « phénomène inquiétant qui émerge sur la scène libanaise, à savoir les atteintes physiques aux journalistes, menées par des parties non étatiques, c’est-à-dire des partisans, des manifestants, ou ceux qu’on désigne désormais comme les “habitants” dans certaines régions sensibles ». Ces agressions, dont les auteurs appartiennent aux deux camps politiques actuels, « sont la conséquence désolante des divisions internes ».

Un État qui n’en est pas un
« Cinquante et un journalistes ont été victimes de ces agressions au Liban, qui enregistre sur ce plan le chiffre le plus élevé par rapport aux trois autres pays que le centre SKEyes suit », en l’occurrence la Jordanie, la Syrie et le territoire palestinien. Mais Ayman Mhanna met le doigt sur un problème plus grave qui s’en dégage. « L’État libanais reste peu convaincu de la nécessité d’être un État », relève-t-il. Résumé saillant d’un problème dont les répercussions touchent tous les domaines de l’expression libre au Liban. Il en est ainsi des productions artistiques et cinématographiques. Le juriste et responsable de l’unité de recherche légale al-Moufakkira al-kanouniya insiste sur le rôle du pouvoir judiciaire comme rouage central du contrôle a posteriori du contenu des diffusions. Il rejette la censure préalable que « la Sûreté générale pratique sur base d’un article de loi qui date du mandat français et qui ne lui confie d’ailleurs pas cette compétence explicitement ». Une approche que partage avec lui la jeune Égyptienne Loubna Darwiche, cofondatrice du blog mosireen.org, imbue de la liberté qu’offre Internet, « dont le contrôle n’est qu’illusion ».

Regard sur l’Égypte et le Maroc
Si l’Égypte a constitué « un modèle de mise en œuvre des nouveaux médias », le Maroc reste soumis aux entraves du pouvoir en place. Mais la volonté de changement commence à se manifester, initiée par des journalistes tels que Ali Anouzla. Il évoque les différentes sanctions infligées aux « journalistes dissidents », qui vont de l’emprisonnement à l’accablement financier, ou encore à l’exil. Des sanctions prononcées souvent en vertu du code pénal, non de la loi relative aux médias. Il soulève en outre des problèmes que le Maroc et le Liban partagent, notamment « la censure pernicieuse, dissimulée dans la pratique comme des mines qu’on ne peut déceler dans les textes ». Parallèlement à la lutte des journalistes marocains, certains journalistes libanais, relayés par des ONG, s’investissent pour la réforme des textes.
Ainsi, l’association Maharat, dont la responsable, Roula Mikhaël, a pris part au colloque, a déjà rédigé un texte de loi relatif aux productions artistiques et cinématographiques. La journaliste d’an-Nahar œuvre actuellement à la mise en place d’un code de déontologie à l’adresse de tous les médias libanais. Pareils projets valorisent le partenariat nécessaire entre les médias et la société civile. Contrairement au rapprochement parfois fusionnel des journalistes avec les politiques, la collaboration avec les ONG serait plus bénéfique pour l’équilibre sur la scène publique. Immuniser le corps médiatique contre des pressions externes doit ainsi passer par un regard critique sur les acteurs politiques. Le député Ghassan Moukheiber s’étonne par exemple du désintérêt des journalistes à l’égard de la commission parlementaire de l’Information, qui met au point un texte de loi relatif aux médias.
Parmi les 18 points concrets auxquels le colloque a abouti, le plus saillant est peut-être celui d’établir un observatoire au sein des écoles de journalisme. L’idéalisme dont témoignent les étudiants et jeunes journalistes présents au séminaire présage de l’impact positif que peut avoir cette initiative sur la profession, d’autant que l’évaluation la plus efficace d’un journaliste émane d’abord de ses pairs, comme l’affirment à l’unanimité les intervenants.
Zuhaida Darwiche Jabbour, secrétaire générale de la Commission nationale pour l’Unesco, déclare que la prochaine démarche, après le colloque, sera la création de cet observatoire.

http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/758284/Seminaire_de_l%27Unesco_sur__les_defis_de_la_liberte_de_la_presse+%3A_pour_un_observatoire_dans__les_ecoles_de_journalisme.html

2 comments:

  1. je souhaite collaborer avec l'observatoire comme benevole prochainement
    priere me contacter sur mon email
    boussalem_messai@yahoo.fr
    merci

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