Le Dr Moussa Abou Hamad explique les circonstances du
décès de sa patiente, Rita Zogheib.
Nada MERHI
« Le rapport présenté par l’ordre des médecins concernant mon dossier est clair : il n’y a pas eu de faute médicale. » C’est par ces mots que le Dr Moussa Abou Hamad, libéré mercredi sous caution d’une valeur de 50 millions de LL, résume la polémique soulevée par le décès récent de sa patiente, Rita Zogheib, qui était enceinte de sept mois.
« J’ai connu Rita de près. Une relation de confiance et de respect mutuel me liait à elle. J’ai été affecté par son décès et je présente mes condoléances à toute sa famille », ajoute-t-il, au cours d’une conférence de presse tenue hier à la Maison du médecin. « Je me suis bien occupé de Rita, affirme le Dr Abou Hamad. J’ai été à son chevet à 2h et j’y suis resté jusqu’à 19h, parce que sa grossesse m’était aussi chère. Je lui ai fait subir tous les examens nécessaires et j’ai fait venir à son chevet des spécialistes. De plus, je suis resté en contact avec les infirmières que j’appelais souvent pour m’assurer de son état. »
Que s’est-il donc passé ? « Rita était sous traitement, mais des complications se sont produites, explique le Dr Abou Hamad. Elle a eu une embolie amniotique. C’est un événement qui ne peut être ni prévu ni prévenu, c’est-à-dire un événement qui ne peut pas être diagnostiqué, qui est intraitable et rapidement fatal. Malheureusement, cette complication est survenue chez Rita et avec moi. » Et le Dr Abou Hamad de poursuivre : « L’ordre des médecins s’est prononcé sur le sujet par le biais de spécialistes nommés par le parquet pour éviter tout parti pris de notre part. Nous avons pleinement confiance dans la justice et attendons son jugement. »
Blâme, avertissement ou radiation
« Les fautes médicales surviennent, affirme pour sa part le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf. Nous ne le démentons pas. Dans 10 à 20 % des actes médicaux, des fautes ou des complications médicales ont lieu. Cela n’est pas propre au Liban. De tels événements arrivent dans les plus grands centres du monde. »
« La seule instance habilitée à définir s’il s’agit d’une complication ou d’une faute médicale c’est l’ordre des médecins et les comités scientifiques spécialisés », insiste le Dr Abou Charaf. Dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour en marge de la conférence de presse, il souligne : « Personne d’autre ne peut se prononcer. Malheureusement, dans le cas du Dr Abou Hamad, certains médias se sont hâtés de faire des procès d’intention et de tirer leurs propres conclusions. Tout un chacun se prononçait dans l’affaire, avant même la fin de l’enquête scientifique. »
Le Dr Abou Charaf souligne en outre que près de 150 plaintes concernant une erreur médicale sont déposées chaque année à l’ordre des médecins. « Dans 25 % des cas, la faute ou la complication médicale sont prouvées. Dans le cas d’une erreur, le médecin concerné reçoit soit un blâme, soit un avertissement, soit il est radié. »
Revenant sur le cas du Dr Abou Hamad, le président de l’ordre des médecins dénonce certaines « failles juridiques », comme « l’arrestation préventive du spécialiste » ou « le fait de le soumettre à un interrogatoire en l’absence du président ou d’un représentant de l’ordre, ce qui va à l’encontre de la loi 313 du code pénal ». « De plus, il a été menotté à son lit d’hôpital, comme s’il s’agissait d’un trafiquant de drogue ou d’un meurtrier, déplore le Dr Abou Charaf. Où est le respect de la dignité humaine et celui dû à un médecin qui exerce depuis plus de trente ans en toute éthique, humanité et compétence ? Nous ne voulons pas arriver au jour où les médecins refuseraient de prendre en charge des cas compliqués, par peur des conséquences. Il ne faudrait pas nuire à la réputation de la médecine au Liban, qui est la meilleure médecine en Orient. Nous savons tous que les médecins libanais sont appréciés dans les plus grands centres au monde. ».
Mais ce sont certains médecins qui nuisent à la réputation de la profession en se compromettant avec des intérêts privés, parfois auprès des compagnies pharmaceutiques... « Il est vrai qu’une minorité d’entre eux le font, reconnaît le Dr Abou Charaf, mais nous essayons de réagir en posant des normes légales. Il ne faut pas toutefois oublier que la majorité d’entre eux ont une pratique éthique et humaine et n’arrivent même pas à boucler leurs mois. »
Relation avec la presse
En ce qui concerne la décision qu’il a prise vendredi dernier d’interdire aux médecins toute apparition dans les médias pour une période de trois mois, le Dr Abou Charaf explique que cette décision n’est pas liée à l’affaire du Dr Moussa Abou Hamad, mais que celle-ci a été le déclencheur d’un processus de « réforme et de réorganisation de la collaboration avec les médias dans le cadre de règles bien définies, un projet sur lequel travaille l’ordre depuis plusieurs mois ».
« Nous ne sommes pas contre les médias, affirme-t-il. Au contraire, nous les remercions pour tout ce qu’ils font pour nous aider. Toutefois certains d’entre eux ont dévié de l’objectif principal qu’on s’était fixé et nous avons été critiqués pour cela. Il n’est plus permis que les médecins paraissent dans les médias d’une manière chaotique et non organisée. Dernièrement, nous avons constaté une baisse du prestige de la profession sur le plan des médias, et parfois une baisse de la qualité de l’information. En attendant que ce plan de réforme soit mis en œuvre, les médecins n’ont le droit d’accorder des interviews à la presse que suite à une autorisation écrite de l’ordre. En ce qui concerne les programmes médicaux télévisés, ils n’y aura pas de nouveaux épisodes avant cette période. »
Est-ce une sage décision alors que les « maîtres » des traitements par les plantes occupent de nouveau les antennes abreuvant les téléspectateurs de mensonges ? « Nous avons beaucoup travaillé sur ce dossier, mais malheureusement les aspects politique et financier l’emportent sur l’aspect scientifique, confie le Dr Abou Charaf. Nous n’avons pas baissé les bras. Nous poursuivrons notre lutte, mais les programmes médicaux télévisés ne pourront pas être repris avant que la relation entre l’ordre et les médias ne soit organisée. »
« Le rapport présenté par l’ordre des médecins concernant mon dossier est clair : il n’y a pas eu de faute médicale. » C’est par ces mots que le Dr Moussa Abou Hamad, libéré mercredi sous caution d’une valeur de 50 millions de LL, résume la polémique soulevée par le décès récent de sa patiente, Rita Zogheib, qui était enceinte de sept mois.
« J’ai connu Rita de près. Une relation de confiance et de respect mutuel me liait à elle. J’ai été affecté par son décès et je présente mes condoléances à toute sa famille », ajoute-t-il, au cours d’une conférence de presse tenue hier à la Maison du médecin. « Je me suis bien occupé de Rita, affirme le Dr Abou Hamad. J’ai été à son chevet à 2h et j’y suis resté jusqu’à 19h, parce que sa grossesse m’était aussi chère. Je lui ai fait subir tous les examens nécessaires et j’ai fait venir à son chevet des spécialistes. De plus, je suis resté en contact avec les infirmières que j’appelais souvent pour m’assurer de son état. »
Que s’est-il donc passé ? « Rita était sous traitement, mais des complications se sont produites, explique le Dr Abou Hamad. Elle a eu une embolie amniotique. C’est un événement qui ne peut être ni prévu ni prévenu, c’est-à-dire un événement qui ne peut pas être diagnostiqué, qui est intraitable et rapidement fatal. Malheureusement, cette complication est survenue chez Rita et avec moi. » Et le Dr Abou Hamad de poursuivre : « L’ordre des médecins s’est prononcé sur le sujet par le biais de spécialistes nommés par le parquet pour éviter tout parti pris de notre part. Nous avons pleinement confiance dans la justice et attendons son jugement. »
Blâme, avertissement ou radiation
« Les fautes médicales surviennent, affirme pour sa part le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf. Nous ne le démentons pas. Dans 10 à 20 % des actes médicaux, des fautes ou des complications médicales ont lieu. Cela n’est pas propre au Liban. De tels événements arrivent dans les plus grands centres du monde. »
« La seule instance habilitée à définir s’il s’agit d’une complication ou d’une faute médicale c’est l’ordre des médecins et les comités scientifiques spécialisés », insiste le Dr Abou Charaf. Dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour en marge de la conférence de presse, il souligne : « Personne d’autre ne peut se prononcer. Malheureusement, dans le cas du Dr Abou Hamad, certains médias se sont hâtés de faire des procès d’intention et de tirer leurs propres conclusions. Tout un chacun se prononçait dans l’affaire, avant même la fin de l’enquête scientifique. »
Le Dr Abou Charaf souligne en outre que près de 150 plaintes concernant une erreur médicale sont déposées chaque année à l’ordre des médecins. « Dans 25 % des cas, la faute ou la complication médicale sont prouvées. Dans le cas d’une erreur, le médecin concerné reçoit soit un blâme, soit un avertissement, soit il est radié. »
Revenant sur le cas du Dr Abou Hamad, le président de l’ordre des médecins dénonce certaines « failles juridiques », comme « l’arrestation préventive du spécialiste » ou « le fait de le soumettre à un interrogatoire en l’absence du président ou d’un représentant de l’ordre, ce qui va à l’encontre de la loi 313 du code pénal ». « De plus, il a été menotté à son lit d’hôpital, comme s’il s’agissait d’un trafiquant de drogue ou d’un meurtrier, déplore le Dr Abou Charaf. Où est le respect de la dignité humaine et celui dû à un médecin qui exerce depuis plus de trente ans en toute éthique, humanité et compétence ? Nous ne voulons pas arriver au jour où les médecins refuseraient de prendre en charge des cas compliqués, par peur des conséquences. Il ne faudrait pas nuire à la réputation de la médecine au Liban, qui est la meilleure médecine en Orient. Nous savons tous que les médecins libanais sont appréciés dans les plus grands centres au monde. ».
Mais ce sont certains médecins qui nuisent à la réputation de la profession en se compromettant avec des intérêts privés, parfois auprès des compagnies pharmaceutiques... « Il est vrai qu’une minorité d’entre eux le font, reconnaît le Dr Abou Charaf, mais nous essayons de réagir en posant des normes légales. Il ne faut pas toutefois oublier que la majorité d’entre eux ont une pratique éthique et humaine et n’arrivent même pas à boucler leurs mois. »
Relation avec la presse
En ce qui concerne la décision qu’il a prise vendredi dernier d’interdire aux médecins toute apparition dans les médias pour une période de trois mois, le Dr Abou Charaf explique que cette décision n’est pas liée à l’affaire du Dr Moussa Abou Hamad, mais que celle-ci a été le déclencheur d’un processus de « réforme et de réorganisation de la collaboration avec les médias dans le cadre de règles bien définies, un projet sur lequel travaille l’ordre depuis plusieurs mois ».
« Nous ne sommes pas contre les médias, affirme-t-il. Au contraire, nous les remercions pour tout ce qu’ils font pour nous aider. Toutefois certains d’entre eux ont dévié de l’objectif principal qu’on s’était fixé et nous avons été critiqués pour cela. Il n’est plus permis que les médecins paraissent dans les médias d’une manière chaotique et non organisée. Dernièrement, nous avons constaté une baisse du prestige de la profession sur le plan des médias, et parfois une baisse de la qualité de l’information. En attendant que ce plan de réforme soit mis en œuvre, les médecins n’ont le droit d’accorder des interviews à la presse que suite à une autorisation écrite de l’ordre. En ce qui concerne les programmes médicaux télévisés, ils n’y aura pas de nouveaux épisodes avant cette période. »
Est-ce une sage décision alors que les « maîtres » des traitements par les plantes occupent de nouveau les antennes abreuvant les téléspectateurs de mensonges ? « Nous avons beaucoup travaillé sur ce dossier, mais malheureusement les aspects politique et financier l’emportent sur l’aspect scientifique, confie le Dr Abou Charaf. Nous n’avons pas baissé les bras. Nous poursuivrons notre lutte, mais les programmes médicaux télévisés ne pourront pas être repris avant que la relation entre l’ordre et les médias ne soit organisée. »
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