Les sit-in des organisations civiles ont cela
d’intéressant qu’ils permettent de sonder leur pertinence, et donc leur
efficacité. Une évaluation qui relève moins du nombre de participants que de la
précision et du réalisme des revendications. Un exemple utile à observer :
le rassemblement organisé hier par l’Association pour la protection du
patrimoine libanais (APPL) afin d’empêcher la moindre atteinte aux vestiges du
port phénicien, découverts sur le site de construction des Venus Tours à Mina
el-Hosn (centre-ville). Une maigre poignée de citoyens ont répondu à l’appel,
mais la détermination qu’ils ont dégagée révèle une maîtrise profonde du
dossier en question, et surtout – fait peu fréquent – une résistance civile
tenace face à un jeu politicien dont ils ont su repérer les anomalies.
L’APPL, fondée en 2010, a commencé son combat pour la protection du port phénicien lorsque l’actuel ministre de la Culture Gaby Layoun a refusé de publier dans le Journal officiel la décision de son prédécesseur, le ministre Salim Wardy, qui classait le port « patrimoine culturel », comme l’explique à L’Orient-Le Jour Marie-José Rizkallah, écrivaine et blogueuse, auteure de plusieurs articles relatifs au dossier, sur le site Libnanews.com. Ce média citoyen relate d’ailleurs les deux avis qui s’opposent sur la valeur du vieux port : l’avis de la commission d’archéologues locaux, appuyés par des experts internationaux, qui avaient persuadé le ministre Wardy, en avril 2011, de l’importance historique de ce site ; et l’avis de la commission nommée plus tard par le ministre Layoun, pour asseoir la thèse contraire.
C’est à ce niveau d’ailleurs que ressurgit le nœud du problème : pourquoi le ministre Layoun conteste-t-il, sans fléchir, la décision de son prédécesseur ? Pourtant, la protection du site, si elle est consentie, n’entravera pas les travaux de construction des trois tours, comme l’affirme Pascale Ingea, présidente de l’APPL. « Le seul changement pour les entrepreneurs consistera à désaxer l’une des tours », affirme-t-elle. Mais Raja Noujaim, militant indépendant, évoque « la volonté non annoncée des propriétaires des Venus Tours d’aménager un parking sous-terrain, ce qui impose la destruction du vieux port ». Face à ces données, la décision du ministre Layoun semble revêtir un caractère politicien : le refus de poursuivre une action entamée par un camp adverse, quel que soit le prix de ce blocage. Mais son entêtement trahit surtout un enjeu lucratif. Raja Noujaim dénonce à cet égard « les marchés conclus à l’insu et au détriment du citoyen », laissant entendre que le ministre en question et avec lui la partie aouniste qu’il représente ont un intérêt financier à satisfaire les tenants du projet Venus Towers. Or l’APPL et ses amis réunis veulent dénoncer nommément « la manière proprement clientéliste de faciliter la mise en œuvre de plans attentatoires à l’intérêt public ».
Sur la banderole blanche sur laquelle les manifestants ont écrit au feutre leurs doléances, une expression révélatrice de l’action qui se poursuit : « Oui, c’est la faute à l’État, ou à son absence. La responsabilité des individus n’en est que plus importante. »
L’APPL, fondée en 2010, a commencé son combat pour la protection du port phénicien lorsque l’actuel ministre de la Culture Gaby Layoun a refusé de publier dans le Journal officiel la décision de son prédécesseur, le ministre Salim Wardy, qui classait le port « patrimoine culturel », comme l’explique à L’Orient-Le Jour Marie-José Rizkallah, écrivaine et blogueuse, auteure de plusieurs articles relatifs au dossier, sur le site Libnanews.com. Ce média citoyen relate d’ailleurs les deux avis qui s’opposent sur la valeur du vieux port : l’avis de la commission d’archéologues locaux, appuyés par des experts internationaux, qui avaient persuadé le ministre Wardy, en avril 2011, de l’importance historique de ce site ; et l’avis de la commission nommée plus tard par le ministre Layoun, pour asseoir la thèse contraire.
C’est à ce niveau d’ailleurs que ressurgit le nœud du problème : pourquoi le ministre Layoun conteste-t-il, sans fléchir, la décision de son prédécesseur ? Pourtant, la protection du site, si elle est consentie, n’entravera pas les travaux de construction des trois tours, comme l’affirme Pascale Ingea, présidente de l’APPL. « Le seul changement pour les entrepreneurs consistera à désaxer l’une des tours », affirme-t-elle. Mais Raja Noujaim, militant indépendant, évoque « la volonté non annoncée des propriétaires des Venus Tours d’aménager un parking sous-terrain, ce qui impose la destruction du vieux port ». Face à ces données, la décision du ministre Layoun semble revêtir un caractère politicien : le refus de poursuivre une action entamée par un camp adverse, quel que soit le prix de ce blocage. Mais son entêtement trahit surtout un enjeu lucratif. Raja Noujaim dénonce à cet égard « les marchés conclus à l’insu et au détriment du citoyen », laissant entendre que le ministre en question et avec lui la partie aouniste qu’il représente ont un intérêt financier à satisfaire les tenants du projet Venus Towers. Or l’APPL et ses amis réunis veulent dénoncer nommément « la manière proprement clientéliste de faciliter la mise en œuvre de plans attentatoires à l’intérêt public ».
Sur la banderole blanche sur laquelle les manifestants ont écrit au feutre leurs doléances, une expression révélatrice de l’action qui se poursuit : « Oui, c’est la faute à l’État, ou à son absence. La responsabilité des individus n’en est que plus importante. »
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/765081/Port_phenicien+%3A_la_societe_civile_met_le_doigt_sur_%3C%3C+les_marches_conclus_a_l%27insu_du_peuple+%3E%3E.html
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