La prison de Roumieh, où 3 700 détenus s'entassent, est un bâtiment prévu pour en accueillir un millier./Photo AFP
SYSTÈME PÉNITENTIAIRE Les récentes mutineries dans la prison de Roumieh, près de Beyrouth, ont révélé les conditions de vie misérables de milliers de détenus, qui disent vivre "comme des rats" dans des cellules surpeuplées.
"Si vous n'êtes pas un criminel quand on vous amène ici, vous en devenez un à coup sûr pendant votre séjour", affirme un Irakien qui attend depuis un an d'être présenté devant un juge, après être entré clandestinement au Liban.
"Nous sommes entassés comme des sardines, on nous laisse moisir ici comme des rats", déclare-t-il sous couvert de l'anonymat, dans une lettre transmise à l'AFP via une organisation non gouvernementale.
"Nous sommes entassés comme des sardines, on nous laisse moisir ici comme des rats", déclare-t-il sous couvert de l'anonymat, dans une lettre transmise à l'AFP via une organisation non gouvernementale.
Son cas est loin d'être unique dans la prison de Roumieh, où 3 700 détenus s'entassent dans un bâtiment prévu pour en accueillir un millier.
Parmi eux, seuls 721 ont été jugés. Et certains restent derrière les barreaux des mois après avoir fini de purger leur peine, attendant qu'un juge signe leur autorisation de sortie.
D'étroits couloirs bruyants relient les petites cellules, qui peuvent accueillir six hommes ayant à peine la place d'étendre leurs jambes, dans des effluves d'urine. Jeunes et réfugiés y côtoient de dangereux criminels.
Début avril, une mutinerie a éclaté pour exiger des procès plus rapides et de meilleures conditions de vie. Quatre prisonniers sont morts lors de l'assaut donné par la police pour y mettre fin.
L'un des détenus décédés, âgé d'une vingtaine d'années, avait bénéficié d'une amnistie présidentielle après avoir purgé une peine pour homosexualité, un crime au Liban.
"Ils nous traitent nous et nos enfants comme des animaux", dénonce Umm Ahmed, qui vient régulièrement voir son fils détenu pour consommation de drogue. Chaque semaine, "je demande à mon fils de soulever son T-shirt pour voir s'il n'a pas été battu. Il n'a pas accès à la douche et maigrit chaque semaine".
Comme des centaines de mères, elle apporte régulièrement de la nourriture à son fils, faisant la queue à l'extérieur pendant des heures, avant des contrôles de sécurité minutieux.
"Le ministre de l'Intérieur avait prévenu il y a deux ans que la situation allait exploser (...). Mais personne n'a rien fait, car ce n'était pas la priorité du gouvernement alors", explique le criminologue Omar Nashabe, auteur du livre "Si Roumieh pouvait parler".
"Maintenant ils ne peuvent plus l'ignorer", ajoute-t-il.
Le ministre sortant de l'Intérieur, Ziyad Baroud, a reconnu les manquements de l'État et les autorités ont engagé un plan de réformes de 5 millions de dollars. Le procureur général, Saïd Mirza, a promis de son côté des procès plus efficaces, et deux nouvelles prisons sont en cours de construction.
De nombreux immigrés illégaux et réfugiés ont aussi été transférés de Roumieh vers des cellules dans la capitale.
Mais les experts craignent que ces annonces ne soient que de la poudre aux yeux pour mettre un terme à la révolte.
"Le problème n'est pas seulement d'injecter de l'argent", estime M. Nashabe, pour qui le problème principal réside dans le fait que le personnel de la prison -des policiers- est mal-entraîné et mal-équipé.
"La prison est toujours dirigée par les forces de sécurité qui n'ont reçu aucune formation sur la manière de gérer une prison ou des détenus", renchérit le père Hady Aya, fondateur de l'association Justice et Miséricorde. "Ce problème humanitaire dure depuis des années et ne peut pas être résolu en une nuit".
Pour le religieux, la gestion de l'établissment doit être transférée au ministère de la Justice, conformément à un décret pris dans les années 1960.
Parmi eux, seuls 721 ont été jugés. Et certains restent derrière les barreaux des mois après avoir fini de purger leur peine, attendant qu'un juge signe leur autorisation de sortie.
D'étroits couloirs bruyants relient les petites cellules, qui peuvent accueillir six hommes ayant à peine la place d'étendre leurs jambes, dans des effluves d'urine. Jeunes et réfugiés y côtoient de dangereux criminels.
Début avril, une mutinerie a éclaté pour exiger des procès plus rapides et de meilleures conditions de vie. Quatre prisonniers sont morts lors de l'assaut donné par la police pour y mettre fin.
L'un des détenus décédés, âgé d'une vingtaine d'années, avait bénéficié d'une amnistie présidentielle après avoir purgé une peine pour homosexualité, un crime au Liban.
"Ils nous traitent nous et nos enfants comme des animaux", dénonce Umm Ahmed, qui vient régulièrement voir son fils détenu pour consommation de drogue. Chaque semaine, "je demande à mon fils de soulever son T-shirt pour voir s'il n'a pas été battu. Il n'a pas accès à la douche et maigrit chaque semaine".
Comme des centaines de mères, elle apporte régulièrement de la nourriture à son fils, faisant la queue à l'extérieur pendant des heures, avant des contrôles de sécurité minutieux.
"Le ministre de l'Intérieur avait prévenu il y a deux ans que la situation allait exploser (...). Mais personne n'a rien fait, car ce n'était pas la priorité du gouvernement alors", explique le criminologue Omar Nashabe, auteur du livre "Si Roumieh pouvait parler".
"Maintenant ils ne peuvent plus l'ignorer", ajoute-t-il.
Le ministre sortant de l'Intérieur, Ziyad Baroud, a reconnu les manquements de l'État et les autorités ont engagé un plan de réformes de 5 millions de dollars. Le procureur général, Saïd Mirza, a promis de son côté des procès plus efficaces, et deux nouvelles prisons sont en cours de construction.
De nombreux immigrés illégaux et réfugiés ont aussi été transférés de Roumieh vers des cellules dans la capitale.
Mais les experts craignent que ces annonces ne soient que de la poudre aux yeux pour mettre un terme à la révolte.
"Le problème n'est pas seulement d'injecter de l'argent", estime M. Nashabe, pour qui le problème principal réside dans le fait que le personnel de la prison -des policiers- est mal-entraîné et mal-équipé.
"La prison est toujours dirigée par les forces de sécurité qui n'ont reçu aucune formation sur la manière de gérer une prison ou des détenus", renchérit le père Hady Aya, fondateur de l'association Justice et Miséricorde. "Ce problème humanitaire dure depuis des années et ne peut pas être résolu en une nuit".
Pour le religieux, la gestion de l'établissment doit être transférée au ministère de la Justice, conformément à un décret pris dans les années 1960.
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