Les répercussions de l'afflux massif des réfugiés syriens continuent à susciter une vive inquiétude chez les autorités libanaises concernées, les retombées se faisant de plus en plus ressentir à plus d'un niveau.
Le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, a ainsi affirmé que le Liban est dans un « état d'urgence environnemental ». S'exprimant à la vingt-sixième conférence des ministres arabes de l'Environnement dont les travaux se sont tenus à Djeddah en Arabie saoudite, il s'est attardé sur l'impact de la présence de plus d'un million et demi de réfugiés syriens au Liban sur la nature et les ressources. « Nous vivons une catastrophe écologique sur le plan des déchets solides, de la pollution de l'air et des eaux, la gestion des eaux usées... », a insisté M. Machnouk, énumérant les multiples problèmes que le Liban doit gérer à ce niveau.
Il a souligné qu'un pays comme le Liban « ne peut pas accueillir des réfugiés, dont le nombre est équivalent au tiers de la population ». « Sur le plan humanitaire, le Liban n'a pas failli et ne faillira pas à ses devoirs, a-t-il assuré. Les Syriens sont des frères, mais la communauté internationale qui aide les réfugiés doit tenir compte des pressions exercées sur l'infrastructure libanaise. »
« Je remercie tous les pays arabes qui ont aidé le Liban tout au long de cette crise, mais j'aimerais vraiment qu'on aboutisse », au terme de cette conférence, « à une position ferme concernant l'environnement et l'infrastructure au Liban » qui sont « en danger », a encore martelé M. Machnouk. « J'appelle à la prise d'une position susceptible de renforcer cette infrastructure afin qu'elle puisse supporter » le grand nombre de réfugiés, a-t-il ajouté. Et de conclure : « Il ne suffit pas aujourd'hui d'offrir des aides aux réfugiés, c'est un aspect humanitaire auquel tout le monde est attaché, mais il faut faire en sorte de ne pas détruire l'infrastructure libanaise. Nous avons atteint un point critique. »
Craintes pour le système sanitaire
Sur le plan de la santé, la situation ne se présente pas sous un meilleur jour. Le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, a constaté que « la communauté internationale a échoué dans le traitement du dossier des réfugiés syriens, ainsi que dans ses rapports avec le Liban dans ce dossier ». À Moscou, dans le cadre d'une visite qu'effectue une délégation du Parti socialiste progressiste menée par Walid Joumblatt, M. Bou Faour a expliqué à un correspondant de l'Agence télégraphique d'information de Russie – Tass que son ministère « intervient uniquement dans les cas d'extrême urgence, c'est-à-dire en cas de vie ou de mort, et cela coûte très cher au gouvernement libanais ». M. Bou Faour a souligné dans ce cadre qu'au cours des trois dernières années, « le coût de l'hospitalisation des réfugiés syriens à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri a atteint 9 milliards de LL, soit l'équivalent de 6 millions de dollars, auquel s'ajoute le coût des médicaments des maladies chroniques et du cancer, et cela en l'absence de toute aide au ministère de la Santé ». La seule aide que reçoit le ministère s'inscrit dans le cadre du programme des soins de santé basiques, réalisés en coopération avec la Banque mondiale. « Mais ce programme ne couvre pas les besoins », a-t-il noté.
M. Bou Faour a enfin mis en garde contre les répercussions économiques, sociales, sanitaires et sécuritaires de la présence des réfugiés syriens. « Nous craignons que le système sanitaire libanais ne s'effondre, en l'absence de toute aide », a-t-il confié.
De son côté, le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, a déclaré que le Liban est prêt à aider la Syrie pour assurer le retour des réfugiés qui désirent le faire. « Nous ne refusons pas de communiquer avec la Syrie en ce qui concerne le dossier du retour des réfugiés, mais nous ne sommes pas prêts à nous engager dans un dialogue politique pour ne pas nous noyer dans le conflit syrien », a-t-il affirmé. M. Derbas a en outre annoncé que les Nations unies préparent un nouveau programme qu'elles proposeront aux donateurs pour qu'une partie des aides allouées aux réfugiés aille aux pays d'accueil.
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