The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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April 28, 2010

April 28, 2010 - L'Orient le jour - Un an après sa libération, Jamil Sayyed ne regrette qu’une chose : ne pas avoir fait un coup d’État...


Par Scarlett HADDAD

« Je n’ai jamais demandé qu’un politicien me rende justice, au Liban ou ailleurs. » Rencontre
Y a-t-il une vie après une « détention arbitraire », surtout lorsqu'il s'agit de l'affaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri ? Un an après sa libération, avec ses compagnons, l'ancien directeur de la Sûreté générale Jamil Sayyed essaie de le prouver. En tenue sport, détendu, le général Sayyed reste toutefois plongé dans ses dossiers. Tout en affirmant n'éprouver aucune rancœur « car c'est un sentiment de faible », il a consacré son année à faire éclater sa vérité et surtout à obtenir le châtiment ou le désaveu de ceux qui, selon lui, ont fabriqué le « tissu de mensonges » qui l'a mené et maintenu en prison pendant près de quatre ans.
Au fait, a-t-il été vraiment déclaré innocent, car une rumeur circule sur une nouvelle mise en cause par le TSL ? Le général Sayyed se contente de reprendre la réponse du procureur Daniel Bellemare au cours d'une interview accordée à la Future TV le 17 septembre 2009 : « Les officiers ne sont pas dans une zone grise. Ils sont libres et innocents, comme tout autre Libanais. Ils ne sont ni suspects, ni accusés, ni condamnés. » Selon lui, les rumeurs qui circulent actuellement sont le fait du même groupe qui en avait lancé auparavant. « Il n'y a pas de sources du TSL. Il y a simplement des Libanais pris de panique, comme certains députés, conseillers et journalistes de l'entourage du Premier ministre qui, pour se protéger, lancent de telles rumeurs. Mais celles-ci ont faibli ces derniers temps. »
Croit-il que le TSL n'est pas politisé ? « Notre libération, dit-il, donne du crédit à certains juges, mais pas à l'ensemble du TSL, ni surtout à la période qui l'a précédée. Le TSL n'a pas le droit de déclarer son incompétence dans l'affaire des faux témoins. Qui peut garantir qu'il n'y aura pas des juges comme Detlev Mehlis ? Les juges sont après tout des hommes qui dépendent de leurs pays respectifs, lesquels ont des intérêts politiques et dépendent du Conseil de sécurité. Ce dernier s'est avéré partial dans plusieurs situations. L'incompétence dans l'affaire des faux témoins est une décision politique. La présence du juge Ralph Riachi est aussi un sujet de doute. Ce dernier a prolongé notre détention arbitraire en dessaisissant le juge d'instruction Élias Eid du dossier. Le conseiller juridique Doreid Bcharrawi qui a publié des articles justifiant les faux témoins et la détention des officiers, ainsi que la juge Jocelyne Tabet, bras droit de Saïd Mirza pendant cette détention, décrédibilisent aussi le TSL. » Ralph Riachi était pourtant bien vu lorsqu'il a condamné Samir Geagea... « Ce n'est pas lui qui l'avait fait, mais la cour de justice, présidée par un magistrat au-dessus de tout soupçon, Philippe Khairallah... »
Que pense-t-il de la soudaine réapparition de Mohammad Zouheir Siddiq depuis les Pays-Bas, alors qu'il avait affirmé qu'il se trouvait encore aux Émirats ? Le général Sayyed insiste sur le fait que Siddiq se trouve encore aux Émirats. Il répète que cette interview, comme la précédente, a été fabriquée par la même équipe. « C'est connu, le quotidien as-Siyassa est sous leur contrôle, comme maintenant une partie du journal al-Raï, toujours au Koweït. Beaucoup de Libanais travaillent dans les journaux du Golfe, et ne s'estiment pas tenus de rendre des comptes à leur opinion publique, surtout qu'il s'agit d'une affaire libanaise. C'est pourquoi d'ailleurs, après avoir fait quelques tentatives dans la presse européenne (Der Spiegel, Le Figaro et Le Monde), ces médias ont cessé de publier ce genre d'articles pour rester crédibles aux yeux de leurs lecteurs. La tactique est la suivante : l'entourage médiatique du Premier ministre lance les rumeurs à l'extérieur puis les reprend et les diffuse largement à l'intérieur. »
Quel serait l'intérêt de Saad Hariri d'agir de la sorte, alors qu'il a choisi d'ouvrir une nouvelle page avec la Syrie ? « Posons autrement le problème. Jusqu'à ce jour, d'où vient le financement de Siddiq ? Qui l'a pris en charge en France ? Qui est Adnane Baba ? Qui exerce des pressions sur les autorités des Émirats pour l'empêcher de répondre positivement à la demande d'extradition présentée par la Syrie, alors qu'il a purgé sa peine ? Son nom est déjà fiché à Interpol pour détention d'un faux passeport tchèque au nom, ironie du sort, de Sami Sayyed (qui ressemble au mien). La seule valeur de Siddiq, c'est qu'il détient les secrets des personnes qui l'ont manipulé. Elles se sentent exposées par sa seule présence. Je ne serais d'ailleurs pas étonné d'apprendre un jour qu'il a été tué par ses propres manipulateurs... Personnellement, ajoute-t-il, je me demande pourquoi les Émirats ne le rendent pas à la Syrie au lieu d'avoir à assumer sa responsabilité. Il a été pris en charge par le colonel Wissam Hassan qui l'a emmené en Espagne, où Detlev Mehlis l'a entendu... »
Comment explique-t-il dans ce cas que Wissam Hassan soit actuellement reçu en Syrie ? « Il est chargé par Saad Hariri de jouer les "go between" avec les autorités syriennes. Il en profite pour faire passer ses propres messages, comme il le faisait du temps de Rafic Hariri avec Rustom Ghazalé et avec moi en tant que directeur de la Sûreté générale. Une petite mission pour une petite personne. Mais il ne doit pas croire que ce rôle suffit à blanchir sa page auprès des autorités syriennes. » N'a-t-il pas toutefois l'impression d'être ignoré ? « Je n'ai jamais demandé qu'un politicien me rende justice, au Liban ou ailleurs. J'ai réussi à retourner l'opinion publique ici et à l'étranger, et tout le monde reconnait désormais l'existence de faux témoins. Maintenant, au sujet de l'action judiciaire, celle-ci est lente au Liban, en France et en Syrie, comme partout dans le monde. En France, ma plainte a été déférée devant le parquet par le juge d'instruction. Celui-ci a six mois pour décider de la suite de la procédure. La commission rogatoire contre Detlev Mehlis a été relancée et la procédure en Syrie est en cours. La justice syrienne devrait décider ou non de lancer le procès par défaut. À ce moment-là, des mandats d'arrêt pourraient être émis... »
Ne craint-il pas d'être lâché par la Syrie ? « Je suis sûr que la Syrie ne se tiendra pas aux côtés des faux témoins. » Il est quand même considéré comme l'homme de la Syrie... « L'homme de la Syrie ? C'est gentil. Certains me qualifient d'"agent syrien", lance le général Sayyed dans un sourire. Je suis en tout cas convaincu de la nécessité d'établir de bonnes relations avec la Syrie qui, selon ma conception, se résument à construire en même temps des institutions libanaises crédibles, comme je l'ai fait à la Sûreté générale et au sein de l'armée, lorsque j'ai contribué avec le commandant en chef de l'époque Émile Lahoud à sa réunification. D'autres ont préféré mettre leurs relations avec les Syriens au service de leurs propres intérêts. C'est pourquoi il faut distinguer entre la relation avec la Syrie, qui doit être au-dessus de tout intérêt personnel, et les relations entre personnes corrompues au Liban et en Syrie... »
Regrette-t-il certains actes commis ? « Non, je regrette de ne pas avoir fait certaines choses, comme un coup d'État pour changer la classe politique confessionnelle. J'y ai d'ailleurs pensé à plusieurs occasions, mais je ne voulais pas faire couler du sang. Plus tard, j'ai réalisé qu'un coup d'État aurait moins fait couler de sang que cette classe par son comportement dans le passé, actuellement et sûrement à l'avenir. » Est-il déçu par le Hezbollah ? « Non. Quand j'agis, avec n'importe quelle partie, je n'attends pas de contrepartie, puisque j'obéis à mes convictions. De toute façon, je n'ai jamais cherché la couverture de ma religion ou de ma confession comme le font d'autres politiciens et hauts fonctionnaires ces jours-ci. »

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