L'ancien député Nasser Kandil a qualifié hier le Tribunal spécial pour le Liban de « Gestapo du XXIe siècle », affirmant que le récent amendement de la procédure de preuves au sein du TSL permettra à l'accusation de remplacer les preuves par « les rapports de services de renseignements ».
« La communauté politique libanaise et arabe vit dans un état de quasi-faillite face à l'instrument le plus dangereux de l'hégémonie américaine sur les organisations internationales », a déclaré M. Kandil lors d'une conférence de presse. « La justice internationale joue un rôle de compensation après les échecs des forces militaires américaines dans leurs campagnes impérialistes, alors que chez nous, le débat porte sur le sexe des anges de Bellemare », a-t-il ajouté.
« Des amendements similaires à ceux qui ont récemment été introduits au tribunal de Bellemare-Cassese avaient été rejetés par la Cour suprême américaine lorsqu'il s'agissait d'y soumettre les prisonniers de Guantanamo (accusés de terrorisme). Chez nous, personne, ni le barreau ni les instances judiciaires, n'a pris la peine de se prononcer sur le fait de savoir si la nouvelle procédure de preuves du TSL a désormais un rapport quelconque avec la justice », a-t-il déploré.
Quelle est donc la fonction de la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice, de l'ordre des avocats et du Conseil supérieur de la magistrature « si ce n'est d'avoir le dernier mot au sujet de cette procédure et de juger s'il est sain de continuer à céder les prérogatives judiciaires nationales en faveur d'un tribunal devenu la Gestapo du XXIe siècle et dans le cadre duquel ce ne sont plus les preuves et les témoins qui ont de la valeur, mais plutôt les rapports de SR », a-t-il dit.
Évoquant le documentaire de la télévision publique canadienne CBC, M. Kandil a assuré qu'il s'agit d'une « copie conforme du texte préparé par Bellemare ». Selon lui, la partie consacrée au chef des SR des FSI, le colonel Wissam el-Hassan, est « un message adressé au Premier ministre Saad Hariri pour qu'il continue à couvrir le TSL, faute de quoi un certain nombre de ses collaborateurs pourraient être impliqués dans l'assassinat de son père et peut-être lui-même ». Pour M. Kandil, il est pour cela possible de se fonder sur un précédent dans lequel un roi arabe a, selon certaines informations, fait assassiner son père pour prendre le pouvoir.
« Dans ce jeu, a poursuivi l'ancien député, Daniel Bellemare ne fait que répéter ce que Detlev Mehlis avait fait avec le général Jamil Sayyed : " Livrez-moi la tête de la Syrie ou alors je vous accuse à vous personnellement d'être impliqué." À présent, l'équation est devenue : " Je veux la tête du Hezbollah ou alors vous êtes tous des accusés. " Cela explique-t-il la peur de M. Hariri de sortir du giron du TSL ? »
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