The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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January 25, 2010

L'Orient Le Jour - Victimes d’abus, les employées de maison étrangères contre-attaquent en justice

SOCIÉTÉ

Maltraitée par son employeur, une Sri Lankaise a trouvé refuge au Centre des migrants de Caritas-Liban. Elle raconte sa mésaventure à Rana Moussaoui de l'AFP.
Battues, humiliées, voire privées de nourriture, des employées de maison étrangères au Liban osent peu à peu faire entendre leur voix en recourant à la justice, décrochant même de rares victoires. Si beaucoup sont bien traitées, certaines sont des « esclaves », si bien que l'Éthiopie, les Philippines et Madagascar ont interdit à leurs ressortissants de travailler au pays du Cèdre.
Nanda, une Sri Lankaise arrivée en 2009, a pris son courage à deux mains récemment et porté plainte contre un responsable de son agence de placement qui l'avait battu. « Durant mes deux premiers mois, ma patronne ne me donnait à manger qu'une tranche de pain par jour et parfois des restes. J'avais tout le temps faim », raconte-t-elle.
« Elle me disait "tu es grosse, il ne faut pas que tu manges trop" », se rappelle cette brune de 22 ans, hébergée par l'association Caritas-Liban, dont le Centre de migrants s'occupe des domestiques victimes d'abus, des réfugiés et des demandeurs d'asile.
Comme la plupart des quelque 200 000 étrangères employées de maison au Liban, Nanda s'est vu confisquer son passeport pour travailler sept jours sur sept.
« Je travaillais de 5h30 à minuit, sans rémunération », lâche-t-elle, alors que son contrat de travail stipulait huit heures de travail par jour et un salaire moyen mensuel de 180 dollars. « Je n'ai jamais pu appeler ma famille », ajoute cette mère d'une fillette de huit ans, laissée avec son mari soldat au Sri Lanka. Elle était aussi frappée par les enfants de sa patronne, âgés de 6 et 12 ans, quand elle ne cédait pas à leurs caprices.
Les humiliations verbales étaient régulières. « Je ne comprenais pas l'arabe et j'étais souvent traitée de "charmouta" (pute). J'ai compris plus tard », explique-t-elle, les larmes aux yeux.
Nanda tente de récupérer son passeport, mais convoquée à l'agence, sa première patronne se contente de la gifler. Elle s'enfuit de chez une autre patronne « violente », avant d'être retrouvée par un responsable de l'agence. Pour la punir, il la bat avec une canne en bois. Recueillie par Caritas le corps couvert de bleus, elle décide de porter plainte contre l'individu.
« On espère que la justice l'entendra », affirme Dima Haddad, assistante sociale à Caritas, où sept avocats aident les employées de maison. Elle espère surtout que Nanda obtiendra gain de cause comme Jonaline Malibagu, une Philippine dont la patronne a été condamnée en décembre à 15 jours de prison pour mauvais traitements.
« Une autre employée de maison qui n'avait pas reçu son salaire pendant des années a réussi également à se faire dédommager », rappelle Mme Haddad.
Au Liban, rappelons-le, aucune loi ne protège les aides ménagères. Un décret gouvernemental de 2009 contraint les employeurs à verser les salaires dans leur intégralité et à accorder un jour de congé hebdomadaire, mais très peu respectent ces conditions.
« Le décret parle d'un jour de congé, pas d'un "jour de sortie", ce qui permet à certains de garder l'employée confinée à la maison », souligne Mme Haddad.
La situation reste préoccupante, affirme Nadim Houry, de Human Rights Watch (HRW) à Beyrouth.
« La question devient de plus en plus visible, mais beaucoup n'osent pas porter plainte par peur ou parce qu'elles n'ont pas de papiers », dit-il. Selon lui, les abus, qui vont parfois jusqu'au viol, poussent au suicide un nombre assez inquiétant d'employées de maison.
En effet, chaque semaine, la presse rapporte la mort « mystérieuse » d'une Éthiopienne ou d'une Sri Lankaise. Un rapport de HRW en 2009 estimait d'ailleurs qu'environ une aide ménagère étrangère se suicidait chaque semaine au Liban.
« C'est possible d'en arriver au suicide quand vous vous sentez acculée », résume Nanda.

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