La trêve des fêtes ne trompe personne et l'année 2011 est bel et bien la continuation de 2010, avec ses dossiers lourds et ses divisions. D'ailleurs, fin 2009, les perspectives semblaient meilleures pour le pays avec la formation d'un gouvernement d'union nationale et la visite en Syrie du Premier ministre Saad Hariri. Mais l'année 2010 n'a pas tenu ses promesses. En dépit de trois visites en Syrie plus tard (sans parler de la visite au Liban du président Assad en compagnie du roi Abdallah d'Arabie), les relations entre le Premier ministre Saad Hariri et les autorités syriennes n'ont pas encore trouvé leur rythme de croisière. Selon des sources proches de Damas, les trois canaux ouverts entre les deux parties sont actuellement fermés : ni le colonel Wissam Hassan (qui attend d'ailleurs sa promotion) ne parvient à entrer en contact avec le général Rustom Ghazalé, ni la ministre et conseillère Bouthayna Chaabane ne répond aux coups de fil du chef de cabinet de M. Saad Hariri, Nader Hariri, ni le président syrien lui-même ne parle avec le Premier ministre libanais. La seule percée à cet égard a été enregistrée à l'occasion d'une visite effectuée par l'ambassadeur de Syrie, Ali Abdel-Karim Ali, au Grand Sérail et la déclaration faite à l'issue de cette visite, dans laquelle Ali a affirmé que les portes de Damas sont ouvertes à tous les Libanais. Ces choses-là sont dites en des termes diplomatiques, mais depuis les révélations du site WikiLeaks, tout le monde sait désormais qu'une déclaration diplomatique peut en cacher une autre, d'autant que sur le terrain, aucune reprise de contact effective n'a eu lieu entre Saad Hariri et le président Bachar el-Assad. Même chose d'ailleurs avec le chef de l'État, Michel Sleiman, qui s'est bien rendu en Syrie à la fin de l'année, mais pour un entretien d'à peine une demi-heure, en principe pour présenter ses vœux au président Assad à l'occasion de la fête de l'Adha.
La Syrie, donc, suit de près la situation au Liban et attend avec impatience l'arrivée à Damas du nouvel ambassadeur des États-Unis. Les sources proches de la Syrie précisent à cet égard que les affirmations relayées dans la presse libanaise, sur le fait que l'envoi d'un ambassadeur américain à Damas ne se fait nullement au détriment du Liban et ne constitue pas une récompense accordée par l'administration Obama aux autorités syriennes, sont destinées à la consommation locale libanaise. Tout indique au contraire, estiment ces sources, que l'administration américaine souhaite ouvrir un dialogue constructif avec la Syrie, qui a marqué des points en Irak et qui s'est imposée comme une composante incontournable de tout effort de solution dans la région. Le dialogue ne sera sans doute pas facile, d'autant que la Syrie a clairement défini ses positions, notamment au sujet de l'importance de la protection de la résistance au Liban, mais, toujours selon les sources proches de la Syrie, si ce pays veut jeter du lest, il le fera avec l'administration américaine, et non avec des parties libanaises ou même arabes. Tout au long de l'année 2010, le régime syrien a accumulé les cartes, en prévision de la partie de poker qui l'attend, et les mandats d'arrêt émis médiatiquement à l'encontre de nombreuses personnalités libanaises ne constituent qu'un atout parmi d'autres.
Tout au long de l'année 2010, et surtout après les élections municipales, le spectre de l'acte d'accusation du TSL a ainsi plané sur la scène politique libanaise. Avec le début de 2011, les positions ont le mérite d'être claires : le Hezbollah n'est pas prêt à se laisser accuser et son souci est de neutraliser les effets négatifs, à ses yeux, d'un acte d'accusation mettant en cause certains de ses membres. Après avoir essayé de contester le TSL dans son ensemble, il place désormais en tête de ses priorités soit le report de l'acte d'accusation, soit la neutralisation de ses effets par le biais d'une consolidation des rangs internes. Les spécialistes juridiques qu'il a consultés lui ont expliqué que le TSL ne peut être annulé que par une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. La résolution 1757, qui a permis l'adoption de ses statuts, prévoit un financement jusqu'en 2012. D'ici là, il n'est donc pas possible d'envisager un tarissement des sources de financement, tout comme le gouvernement libanais ne peut plus retirer les juges libanais membres du TSL puisque ceux-ci bénéficient désormais du statut de juges internationaux et ne dépendent plus de l'autorité de leur gouvernement. Le Hezbollah a donc dû examiner d'autres options. D'où son insistance à privilégier ce qu'il appelle les efforts syro-saoudiens destinés globalement à pousser le Premier ministre Saad Hariri à rejeter toute accusation portée contre le Hezbollah. Pour celui-ci, ce scénario n'est intéressant que s'il intervient avant la publication de l'acte d'accusation. Il craint, en effet, qu'après la publication de cet acte, les positions changent, et le piège se refermera alors sur lui. En multipliant les informations sur l'imminence de « l'aboutissement des efforts syro-saoudiens », l'opposition cherche, en quelque sorte, à forcer la main à Saad Hariri et à le pousser à accélérer sa prise de position. Si la manœuvre échoue, il sera toujours possible d'accuser les États-Unis et Israël d'avoir saboté l'accord syro-saoudien et l'opposition devra alors passer à l'exécution de son plan « B » qui consiste en un renversement du rapport de force politique, en passant par la formation d'un nouveau gouvernement qui, lui, se chargera de traiter avec le Conseil de sécurité de l'ONU et avec le TSL. Pour l'instant, le Hezbollah suit les conseils syro-iraniens de patience et la nouvelle échéance est fixée au mois de mars. D'ici là, le Liban continuera à vivre au gré des « fuites » et de l'air du temps régional et international, en espérant, au mieux, une reprise des réunions du Conseil des ministres...
La Syrie, donc, suit de près la situation au Liban et attend avec impatience l'arrivée à Damas du nouvel ambassadeur des États-Unis. Les sources proches de la Syrie précisent à cet égard que les affirmations relayées dans la presse libanaise, sur le fait que l'envoi d'un ambassadeur américain à Damas ne se fait nullement au détriment du Liban et ne constitue pas une récompense accordée par l'administration Obama aux autorités syriennes, sont destinées à la consommation locale libanaise. Tout indique au contraire, estiment ces sources, que l'administration américaine souhaite ouvrir un dialogue constructif avec la Syrie, qui a marqué des points en Irak et qui s'est imposée comme une composante incontournable de tout effort de solution dans la région. Le dialogue ne sera sans doute pas facile, d'autant que la Syrie a clairement défini ses positions, notamment au sujet de l'importance de la protection de la résistance au Liban, mais, toujours selon les sources proches de la Syrie, si ce pays veut jeter du lest, il le fera avec l'administration américaine, et non avec des parties libanaises ou même arabes. Tout au long de l'année 2010, le régime syrien a accumulé les cartes, en prévision de la partie de poker qui l'attend, et les mandats d'arrêt émis médiatiquement à l'encontre de nombreuses personnalités libanaises ne constituent qu'un atout parmi d'autres.
Tout au long de l'année 2010, et surtout après les élections municipales, le spectre de l'acte d'accusation du TSL a ainsi plané sur la scène politique libanaise. Avec le début de 2011, les positions ont le mérite d'être claires : le Hezbollah n'est pas prêt à se laisser accuser et son souci est de neutraliser les effets négatifs, à ses yeux, d'un acte d'accusation mettant en cause certains de ses membres. Après avoir essayé de contester le TSL dans son ensemble, il place désormais en tête de ses priorités soit le report de l'acte d'accusation, soit la neutralisation de ses effets par le biais d'une consolidation des rangs internes. Les spécialistes juridiques qu'il a consultés lui ont expliqué que le TSL ne peut être annulé que par une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. La résolution 1757, qui a permis l'adoption de ses statuts, prévoit un financement jusqu'en 2012. D'ici là, il n'est donc pas possible d'envisager un tarissement des sources de financement, tout comme le gouvernement libanais ne peut plus retirer les juges libanais membres du TSL puisque ceux-ci bénéficient désormais du statut de juges internationaux et ne dépendent plus de l'autorité de leur gouvernement. Le Hezbollah a donc dû examiner d'autres options. D'où son insistance à privilégier ce qu'il appelle les efforts syro-saoudiens destinés globalement à pousser le Premier ministre Saad Hariri à rejeter toute accusation portée contre le Hezbollah. Pour celui-ci, ce scénario n'est intéressant que s'il intervient avant la publication de l'acte d'accusation. Il craint, en effet, qu'après la publication de cet acte, les positions changent, et le piège se refermera alors sur lui. En multipliant les informations sur l'imminence de « l'aboutissement des efforts syro-saoudiens », l'opposition cherche, en quelque sorte, à forcer la main à Saad Hariri et à le pousser à accélérer sa prise de position. Si la manœuvre échoue, il sera toujours possible d'accuser les États-Unis et Israël d'avoir saboté l'accord syro-saoudien et l'opposition devra alors passer à l'exécution de son plan « B » qui consiste en un renversement du rapport de force politique, en passant par la formation d'un nouveau gouvernement qui, lui, se chargera de traiter avec le Conseil de sécurité de l'ONU et avec le TSL. Pour l'instant, le Hezbollah suit les conseils syro-iraniens de patience et la nouvelle échéance est fixée au mois de mars. D'ici là, le Liban continuera à vivre au gré des « fuites » et de l'air du temps régional et international, en espérant, au mieux, une reprise des réunions du Conseil des ministres...
No comments:
Post a Comment