The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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January 19, 2010

L'orient le jour - Controversy surrounding the release of Yousra El-Aamir Iraqi refugee - January 19,2010

Par Anne-Marie El-HAGE

Yousra el-Aamiri est irakienne. Elle est entrée illégalement au Liban avec son frère par la frontière syro-libanaise, après avoir fui son pays pour échapper à la menace de milices armées qui avaient assassiné son époux et son frère. Emprisonnée six mois à Zahlé, et près de deux mois et vingt jours dans le centre de rétention de la Sûreté générale, près du Palais de justice, pour entrée illégale au pays, elle est depuis samedi au cœur d'une polémique entre la Sûreté générale, la justice et les associations de défense des droits de l'homme. Une controverse qui n'a pas manqué d'éclabousser Caritas, pris entre l'enclume et le marteau, et qui met surtout en exergue l'absence d'une politique claire des autorités envers les réfugiés irakiens.

Les associations s'insurgent
Sur décision de la juge Cynthia Kassargi, Yousra el-Aamiri est libre, depuis le 11 décembre 2009, après avoir purgé sept mois de prison de plus que sa peine. Car sa détention prolongée a été jugée arbitraire. Elle ne devait pourtant rester qu'un seul mois en prison, jusqu'au 21 juin 2009, payer une amende de 100 000 LL et être rapatriée. Mais son avocat, Me Nizar Saghyeh, précise à L'Orient-Le Jour concernant ce dernier point que le Liban est signataire de la Convention de l'ONU contre la torture, dont l'article 3 interdit le rapatriement d'une personne qui risque la torture dans son pays. Il ajoute qu'en prison, « Yousra a bénéficié du statut de réfugiée délivré par le HCR », un titre qui n'est pas officiellement reconnu par les autorités, le Liban n'ayant pas signé la Convention 1951 sur les réfugiés et son protocole de 1967.
Face au refus du directeur de la Sûreté générale d'appliquer la décision de la justice, confirmée par un ordre du ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud, les associations ont haussé le ton. L'affaire s'est envenimée lorsque le général Jezzini, après avoir promis la libération de la prisonnière irakienne, a affirmé au quotidien al-Akhbar qu'elle serait plutôt transférée samedi au refuge de Caritas. La société civile, menée par Ruwad Frontiers en partenariat avec d'autres associations, s'est insurgée contre de telles pratiques. « C'est la première fois qu'un officier refuse d'exécuter un jugement. C'est dangereux », lance Me Saghyeh, avocat de l'association. Il dénonce aussi la détention arbitraire de Yousra el-Aamiri. « De nombreux prisonniers sont toujours détenus plusieurs mois après avoir purgé leur peine. C'est une véritable agression », affirme-t-il. L'avocat pointe également du doigt l'organisation Caritas : « Le fait que la jeune femme soit transférée dans le centre de Caritas signifie qu'elle n'est pas libre, malgré la décision de la justice », soutient-il. « Nous attendons d'ailleurs toujours ses papiers de mise en liberté qui n'ont toujours pas été délivrés par les autorités. »

Caritas déplore
Critiquée également sur le site de socialisation Facebook et au moyen d'une diffusion de SMS, Caritas a tenu à répondre à ses détracteurs en affirmant que l'association n'a jamais retenu Yousra el-Aamiri de force, mais qu'elle a répondu par l'affirmative, samedi, à la demande de la Sûreté générale lui demandant d'héberger l'Irakienne. Il existe, en fait, un accord entre la Sûreté générale et Caritas pour que soient confiés à l'organisation les détenus présentant certains problèmes de santé ou autres, dans l'attente que soient terminées les démarches administratives liées à leur démarche. Najla Chahda, responsable du Centre de migrants de Caritas, souligne que Yousra el-Aamiri a été installée avec d'autres Irakiens au refuge de l'organisation, à Reyfoun, mais qu'elle « est entièrement libre de ses mouvements », mais « n'a pas d'autre endroit où aller ». Mme Chahda ajoute avoir « immédiatement contacté le HCR », samedi, qui n'a pas été en mesure de l'éclairer, concernant l'attitude à adopter, mais déplore les accusations injustifiées contre Caritas. « J'estime que nous sommes victimes d'une guerre entre la Sûreté générale et d'autres organismes publics et privés », dit-elle, tout en demandant aux associations des droits de l'homme de « ne pas piétiner les organisations » engagées dans le domaine.
De son côté, Joëlle Khoury, coordinatrice du projet de Caritas au sein du centre de rétention de la Sûreté générale, déplore que Ruwad Frontiers n'ait pas pris la peine d'avertir Caritas, au préalable, de la décision de justice concernant la libération de Yousra el-Aamiri. « Nous ne savions pas que la justice avait ordonné sa mise en liberté, lorsque nous avons accepté de l'héberger », dit-elle. « Nous avons été contactés trop tard par Me Saghyeh, nous avisant de la décision de justice et nous accusant d'être un centre de détention. » Mme Khoury affirme aussi que l'organisation a toujours été présente aux côtés de l'Irakienne, lorsqu'elle était en prison à Zahlé et à Beyrouth, pour son suivi médical et pour lui obtenir le droit de voir son frère, également emprisonné. « Nous avons accompli notre rôle et Yousra el-Aamiri nous en a remerciés », conclut-elle.
Depuis hier matin, la jeune femme se trouve au siège du HCR à Beyrouth, où Caritas l'a accompagnée. Dans l'espoir qu'une solution acceptable et humaine soit trouvée à son cas, à celui de son frère et à celui de l'ensemble des réfugiés irakiens au Liban

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