L'ancien directeur de la Sûreté, le général Jamil Sayyed, a dénoncé hier la décision du président du Tribunal spécial pour le Liban, le juge Antonio Cassese, de refuser la révocation des deux juges de la chambre d'appel, Ralph Riachi et Afif Chamseddine. M. Sayyed a affirmé que le président du TSL s'est fondé « sur des erreurs et sur un dévoiement des faits commis par le juge Riachi ».
Dans un communiqué, M. Sayyed a lancé un « appel public » invitant le juge Cassese à désigner une équipe technique chargée de soumettre le juge Riachi et lui-même à un détecteur de mensonge à La Haye même, « afin de prouver que le juge Riachi a caché certains faits et en a dévoyé d'autres ». Il s'est dit même prêt « à assumer les frais de l'équipe d'experts chargée d'opérer le polygraphe, au cas où le TSL n'en posséderait pas une ».
Dans le texte, l'ancien officier avance plusieurs arguments étayant sa demande, rappelant notamment que le juge Riachi « savait pertinemment, et en concertation avec le procureur Saïd Mirza, que l'objectif derrière la révocation du juge d'instruction Élias Eid le 6 septembre 2007 était de l'empêcher de prendre une décision relative à la libération des quatre officiers détenus ». M. Sayyed ajoute que le juge Riachi savait également, et toujours en concertation avec le procureur, « que l'argument qui avait été utilisé pour révoquer le juge Eid à l'époque, notamment le fait qu'il bénéficiait de coupons d'essence gratuits (...), était un argument de façade pour justifier la révocation, d'autant que le juge Riachi lui-même et d'autres obtenaient également des coupons d'essence gratuits ».
Et M. Sayyed de relever le timing utilisé pour faire prévaloir cet argument, à savoir seulement après que le juge Eid eut fait part de sa volonté de libérer les quatre officiers.
Le texte du communiqué souligne par ailleurs que le juge Riachi a reçu trois lettres de la part de M. Sayyed, dans lesquelles ce dernier le sollicite de faire appel à sa conscience, ainsi qu'une quatrième lettre envoyée après la révocation du juge Eid (que l'ancien officier a jointe à son communiqué), et dans laquelle M. Sayyed lui reproche son parti pris. L'officier dénonce enfin le fait que le juge Riachi avait reçu préalablement à sa désignation « une promesse d'engagement de la part du TSL sur la base de sa contribution à la rédaction du statut du tribunal », ce qui avait d'ailleurs poussé M. Sayyed « à présenter par écrit une objection aux Nations unies début 2008, soit avant même la désignation officielle du juge Riachi comme membre du TSL ».
Quant à sa demande de révocation du second juge libanais de la chambre d'appel, le juge Afif Chamseddine, M. Sayyed précise que sa requête était uniquement fondée sur le fait que la désignation de celui-ci a eu lieu du temps du gouvernement de Fouad Siniora, « qui avait été condamné par l'équipe des Nations unies sur base de sa contribution à l'arrestation arbitraire et politique des quatre généraux ».
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