The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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March 17, 2015

L'orient le jour - L’Allemagne soucieuse du sort des réfugiés syriens et des communautés hôtes, March 17, 2015



Patricia Khoder




Quel est le programme prévu de la visite du ministre allemand de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller, au Liban?
Le ministre de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller, a organisé conjointement avec le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier la conférence de Berlin sur les réfugiés syriens en octobre dernier. Sa visite, qui est prévue pour demain mercredi 18 et le jeudi 19 mars, constituera un suivi de cette conférence et de Berlin II, qui s'était tenue en décembre denier, quand le plan d'intervention concernant la crise au Liban (destiné aussi bien aux réfugiés qu'aux communautés hôtes) a été lancé.
M. Müller s'informera de près de la situation des réfugiés syriens en se rendant dans les campements champignons de la Békaa. Il se réunira avec les présidents des conseils municipaux et s'entretiendra avec eux des pressions exercées sur la communauté hôte. À Beyrouth, il discutera avec le Premier ministre, Tammam Salam, et les autres membres du gouvernement des structures de l'assistance et de la coopération allemande au Liban.

Dans quel cadre cette visite a-t-elle été prévue ?
Avec douze millions de déplacés et de réfugiés dans le seul contexte syrien, la catastrophe des réfugiés au Moyen-Orient a pris une ampleur sans précédent depuis 1945. De plus, quatre ans après le début du conflit, la fin de la guerre en Syrie n'est pas en vue. À Berlin, les partenaires et les amis du Liban ont convenu de mettre davantage l'accent sur l'assistance aux communautés hôtes surchargées par la présence des réfugiés. Si la crise n'est pas correctement gérée, elle peut contribuer à déstabiliser davantage les pays de la région.
L'Europe est aussi directement affectée. Nous acueillons également des réfugiés syriens en Allemagne. Près de 100 000 sont déjà arrivés dans la République fédérale allemande. D'autres viendront. Ce dossier est important dans nos débats publics. Il y a aussi les défis qui se posent aux communautés hôtes qui devraient accueillir et assurer les services adéquats.
M. Müller discutera des moyens de faire le meilleur usage des fonds disponibles dans le portefeuille de son ministère pour des interventions structurelles au Liban.
L'année dernière, le ministère allemand de la Coopération économique a versé, à lui seul, quelque 70 millions d'euros pour des programmes au Liban, dont 35 millions d'euros dans l'éducation primaire des enfants réfugiés, par l'intermédiaire de l'Unicef. Vingt millions de ces 35 millions sont entrés directement dans le budget du ministère libanais de l'Éducation sous forme de frais de scolarité pour l'année 2014/15.
Citons un autre exemple : 15 millions d'euros ont été versés pour des projets mis en œuvre par le Pnud et visant les communautés hôtes les plus touchées par la crise des réfugiés.

Quel est le montant des sommes que l'Allemagne a versées au Liban depuis le début de la crise ? Dans quels domaines ces aides sont-elles utilisées en particulier ?
Honnêtement, je ne connais pas les chiffres exacts. Mais je sais que 20 pour cent de chaque euro que Bruxelles dépense au Liban vient du budget allemand. L'UE a dépensé, ou est sur le point de dépenser, un demi-milliard d'euros depuis le début de la crise en Syrie ; vous pouvez faire les calculs.
Sur le plan bilatéral, l'Allemagne a fait don de quelque 55 millions d'euros d'aide humanitaire – du budget du ministère des Affaires étrangères – et quelque 133 millions d'euros du budget du ministère de la Coopération économique.
Au niveau des aides versées pour la région, y compris la Syrie, le gouvernement allemand a déjà dépensé quelque 850 millions.
Il est tragique de voir les réfugiés vivre dans des conditions difficiles en exil, surtout que pour le moment ils ne peuvent pas rentrer chez eux. Le Liban et la communauté internationale ont assuré conjointement la survie en sécurité de 1,5 million de réfugiés. Ces derniers ont reçu un abri, de la nourriture, des vêtements et des soins de santé de base. Les Libanais effectuent un travail incroyable montrant une hospitalité sans précédent. Nous continuerons à payer pour les réfugiés syriens. Mais les fonds seront toujours limités ; ils devraient être mieux et plus efficacement utilisés.
Lors de sa visite, M. Müller discutera de ces sujets avec le gouvernement. J'espère que l'éducation demeurera l'un des secteurs dans lesquels l'Allemagne restera engagée. Nous devons faire notre possible pour que les enfants syriens ne deviennent pas une « génération perdue ».
On craint également que de nombreux réfugiés perdent leur statut juridique. Il leur est parfois impossible de renouveler leur inscription auprès de la Sûreté générale, une affaire qui coûte 200 dollars par personne tous les six mois ; ils doivent aussi présenter une variété de papiers. On témoigne également de la peur et du désespoir des réfugiés qui craignent de devenir illégaux, avec toutes les conséquences pour eux personnellement et aussi toutes les implications sécuritaires pour le pays. En fait, il est dans l'intérêt du Liban de savoir qui se trouve sur son territoire et ceux qui s'y trouvent doivent être légalement enregistrés.

Les aides allemandes sont remises directement au gouvernement libanais ou par le biais d'agences onusiennes et d'ONG allemandes ? Pourquoi ?
Ce sera l'un des dossiers discutés entre M. Müller et ses interlocuteurs libanais. On verra si l'aide pourrait être canalisée plus directement, éventuellement par l'intermédiaire du fonds spécial administré conjointement par la Banque mondiale et le gouvernement libanais. Nous avons l'impression en Allemagne que ce flux de paiements n'est pas encore suffisamment rodé et bien en point. On se pose aussi des questions relatives à la capacité de décision des organes centraux du pays qui n'a toujours pas de chef d'État.
Nous avons toujours travaillé avec l'UNHCR, l'Unicef, le PAM et récemment aussi avec le Pnud. Tous effectuent un travail extrêmement important. Souvenez-vous, quand le PAM avait annoncé en novembre dernier sa décision de retarder les paiements en espèces aux réfugiés en raison du manque de fonds, comment les organismes gouvernementaux concernés ont été immédiatement inquiets. Le Liban a reçu quelque 2,5 milliards de dollars à ce jour pour l'assistance humanitaire à elle seule, sans compter les aides structurelles. Nombre de ces aides ont été versées par le biais des Nations unies.
Un certain nombre d'ONG allemandes et leurs partenaires libanais fonctionnent avec des fonds du gouvernement allemand, parmi eux la Croix-Rouge allemande, l'ordre allemand de Malte, Caritas, la World Vision allemande ainsi que la Welthungerhilfe.



Existe-t-il une coopération bilatérale entre l'Allemagne et le Liban, hors du cadre de l'aide versée aux réfugiés syriens et aux communautés hôtes ?
Le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement discutera avec ses interlocuteurs libanais des moyens de reprendre et intensifier la coopération bilatérale et les programmes mis en œuvre par l'intermédiaire de la KFW et la GIZ (qui sont des fonds et agences allemands pour la coopération et le développement).
Des projets mis en place après les destructions de 2006 sont actuellement en train de s'estomper. Il existe encore plus de 20 millions d'euros d'aide financière convenue et immédiatement disponible pour protéger de la pollution les sources de Jeita qui fournissent l'eau à Beyrouth.
En temps ordinaire et sans la crise syrienne, le Liban, en tant que pays à revenu intermédiaire, ne serait pas admissible pour la coopération au développement. Mais le pays passe par une phase extraordinaire. J'essaie de mon mieux de transmettre les bons arguments à Berlin afin d'encourager une reprise des engagements bilatéraux.

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