Diane Ramiere de Fortanier
« Je suis féminine, mais pas féministe », lance May Chidiac à l'assemblée composée majoritairement de femmes, qui lui fait face dans la salle de bal de l'hôtel Phoenicia. La troisième conférence annuelle des « Femmes sur les lignes de front » a fait le plein hier, à quelques jours de la Journée internationale de la femme, le dimanche 8 mars. L'ambassadeur des États-Unis au Liban David Hale – qui prend la parole peu après le discours d'ouverture de l'organisatrice de l'événement – résume d'une formule l'esprit du sommet qui a réuni à Beyrouth des femmes de plusieurs pays arabes, ayant comme point commun d'être engagées : « Aucune société ne peut prospérer lorsque la moitié de la population est laissée sur le bord du chemin », assène-t-il.
Talons hauts, tailleurs et brushings impeccables, les femmes s'assument et revendiquent leur féminité dans l'assemblée aussi, à l'image de l'invitée d'honneur de l'événement, Claire Chazal, présentatrice-star du 20 heures de TF1. Cette dernière a captivé l'auditoire en répondant avec grâce et modestie aux questions, sur son parcours, d'Alexandre Najjar, auteur du célèbre Dictionnaire amoureux du Liban. Les tables rondes se sont ensuite succédé sous la houlette de modérateurs prestigieux, dont notamment l'ancien ministre de l'Intérieur et des Municipalités, Ziyad Baroud, qui a animé le débat sur « les femmes et la politique ».
Discussions à bâtons rompus
La politique, la finance, les Organisations non gouvernementales, l'industrie cinématographique, le reportage de guerre : les thématiques abordées couvraient tous les domaines dans lesquels les femmes montrent au monde qu'elles sont autant, voire plus compétentes, que leurs homologues masculins. Jim Clancy, ancien correspondant de guerre de la chaîne d'informations américaine CNN, qui témoignait en tant que journaliste, a bien insisté sur le fait que, dans son métier, peu importait que l'on fût une femme ou un homme, l'essentiel étant de « raconter une histoire » et de le faire de manière vraie, avec déontologie.
L'ombre du contexte géopolitique du Moyen et du Proche-Orient plane sur les interventions, comme le dit justement May Chidiac : « La femme est la première victime des islamistes qui veulent imposer une réalité haineuse et qui prônent un retour à l'ère de l'esclavage », relève-t-elle. « Dans la phase de dictature qui a suivi la chute de Habib Bourguiba en Tunisie, certains ont ciblé les droits de la femme et ses acquis », rappelle la vice-présidente du Parlement tunisien, Fawzia Ben Fedda. Et d'ajouter : « Les mentalités doivent changer car la femme est trop souvent vue dans le monde arabe comme la partenaire de l'homme. » Comme le déclare la présidente de la Fondation May Chidiac avec optimisme, « il nous appartient de changer les ronces en roses ! »
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