Nada Merhi
« Bienvenue au commissariat de Ras Beyrouth. Je suis l'officier Toufic Tok. Je vais vous faire un tour des locaux. »
Une ambiance conviviale régnait hier au commissariat de Ras Beyrouth, précédemment commissariat Hobeiche, où, l'espace d'une journée, les portes du centre étaient ouvertes au grand public. Histoire de lui présenter les nouveaux locaux et la nouvelle manière de procéder.
Entièrement relooké et équipé grâce à un financement des ambassades des États-Unis et de Grande-Bretagne, le commissariat semble sortir tout droit d'un film hollywoodien. Ici, tout est flambant neuf et modernisé. Le commissariat a un aspect « plus humain », comme le signale une habitante du quartier, venue jeter un coup d'œil sur les lieux.
Dans cet espace sur deux étages, où quelque soixante-dix officiers travaillent, au nombre desquels douze femmes, les sections sont bien claires et déterminées. À l'entrée, une femme officier reçoit les personnes qui viennent présenter leurs plaintes et les oriente. Celles-ci prennent un numéro et attendent leur tour dans une salle aménagée à cet effet, où défilent sur un écran « des informations pratiques pour le citoyen, comme les procédures à suivre en cas de perte de la carte d'identité, les documents à présenter pour avoir le permis de conduire, le délai de paiement de la taxe mécanique... ou encore des informations sur les Forces de sécurité intérieure ». Plus loin, deux petites salles sont réservées aux interrogatoires. Une autre à l'examen médical et une troisième à la détention. Un espace a été aménagé pour les télécommunications. L'officier qui y assure la permanence reçoit les plaintes, coordonne avec ses camarades, s'occupe des fax... Près de lui, un autre espace est dédié aux « services » avec pour mission de « s'occuper du commissariat et des détenus ».
Gare à la corruption...
À l'étage se trouvent les chambres à coucher aménagées pour les officiers qui assurent le service de nuit, une grande cuisine, les départements relatifs aux tâches et aux procédures administratives, ainsi que celui des archives et de la collecte des données. « Au commissariat, nous procédons à des analyses quantitatives des crimes les plus fréquents : leurs causes, les heures où ils surviennent le plus, le profil des personnes visées, explique l'officier Tok. Cela nous permet de les prévenir. Nous avons, à titre d'exemple, constaté que les femmes âgées de plus de 50 ans étaient les cibles des pickpockets. Nous avons alors publié des brochures afin de sensibiliser cette tranche de la société aux moyens de se protéger et aux démarches que ces femmes doivent entreprendre au cas où elles seraient victimes d'un vol. »
Il faut savoir qu'au commissariat de Ras Beyrouth, c'est la police de proximité qui est pratiquée. « Nous avons des patrouilles pédestres et d'autres qui circulent à vélo, insiste l'officier Tok. Les agents discutent avec la population locale. Cela permet d'entretenir de meilleurs rapports. » Et d'ajouter : « Ici, il n'y a pas de place à la corruption. Nous avons en effet arrêté trois personnes qui essayaient de corrompre des agents des FSI. »
Quid de l'attitude envers les gens ? « On ne peut changer les locaux sans améliorer l'attitude des agents aussi, répond-il. D'ailleurs, nous avons un centre de statistiques chargé de rappeler les anciens détenus et les personnes qui étaient venues déposer une plainte afin de recueillir leurs impressions et leurs remarques sur la manière dont ils ont été reçus et traités. Jusqu'à présent, nous n'avons eu que de bons échos. »
La journée d'hier a été organisée à l'initiative de l'ONG Search for Common Ground, en coopération avec l'ambassade des États-Unis, qui a fait don de 650 000 dollars pour la mise en place du projet de « police communautaire ». « Le but de ce projet est de pousser les agents des FSI et la communauté locale à collaborer ensemble pour un Ras Beyrouth plus sûr », explique à L'Orient-Le Jour Éliane Hamdane, responsable du projet à Search for Common Ground. « Cela permet de renforcer le sentiment de citoyenneté chez les gens, mais aussi de dissiper les malentendus et les mauvaises impressions frappant les policiers », ajoute-t-elle.
Plusieurs activités ont été organisées à cet effet, allant des sessions de formation sur « les relations positives, les communications efficaces et les moyens de renforcer la relation avec la population locale », aux matches de football entre des équipes formées des jeunes de la ville et des agents des FSI, en passant par de multiples exercices susceptibles de renforcer ces relations. « Nous avons également organisé une table ronde entre des responsables de la ville, des jeunes et des agents des FSI pour les inciter à discuter ensemble des problèmes de la ville et des priorités des habitants, explique pour sa part Michèle Bou Chebel, coordinatrice des projets à Search for Common Ground. D'autres tables rondes suivront et l'objectif serait de créer un comité conjoint qui œuvrera à résoudre les problèmes de la ville. »
Il ne reste plus qu'à espérer que ce projet de commissariat modèle soit étendu à d'autres régions du pays.
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