The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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March 14, 2014

Le CLDH, récompensé par la France pour son projet d’assistance aux détenus vulnérables dans les prisons, March 14, 2014

L'ambassadeur de France, Patrice Paoli, a remis hier au Centre libanais des droits humains (CLDH), représenté par Wadih el-Asmar et Marie Daunay, la mention spéciale du Prix des droits de l'homme de la République française, au cours d'une cérémonie organisée à la Résidence des Pins. Cette distinction vient récompenser le projet d'assistance légale aux détenus vulnérables dans les prisons libanaises, mené par le CLDH depuis 2012.
Le Prix des droits de l'homme de la République française, décerné depuis 1988 par la Commission nationale consultative des droits de l'homme, « a vocation à distinguer des actions de terrain et des projets portant sur la protection et la promotion effectives des droits de l'homme, dans l'esprit de la Déclaration universelle des droits de l'homme », précise M. Paoli dans une allocution, soulignant que pour l'année en cours, deux thématiques avaient été choisies. Il s'agit, d'une part, de l'accompagnement et la prise en charge des personnes déplacées, et d'autre part, de la protection des droits de l'homme dans les lieux de privation de liberté. Et c'est dans « ce domaine fondamental pour la démocratie et l'État de droit » que le travail du CLDH a été récompensé.
M. Paoli a ensuite salué le travail « remarquable » mené par le CLDH dans les prisons, d'autant qu'il propose « une réponse concrète au problème de la surpopulation carcérale ».

Assistance à 100 détenus
Le programme d'assistance légale du CLDH est d'autant plus important que la situation des prisons libanaises est des plus déplorables. En effet, les détenus et les prisonniers sont « trois fois plus nombreux que les places dans les prisons », insiste Wadih el-Asmar, au cours d'une table ronde organisée à la suite de la cérémonie de remise de prix.
Selon les chiffres officiels, avancés par le magistrat Raja Abinader, en charge de la direction des prisons au sein du ministère de la Justice, les prisons libanaises comptent 5 480 personnes, le quart étant de nationalité syrienne. Les femmes prisonnières sont au nombre de 238 et les mineurs 103, près de 40 % d'entre eux étant des Syriens. Quelque 67 % des prisonniers sont en détention provisoire et 33 % sont condamnés.
Or, un grand nombre de ces prisonniers pourraient être relâchés dans de brefs délais à condition qu'ils bénéficient d'une aide légale efficace, explique Wadih el-Asmar.
C'est donc dans cette optique-là que le CLDH œuvre depuis 2012 à assister les détenus les plus vulnérables – à savoir les migrants, les réfugiés, les demandeurs d'asile et les personnes sans moyens financiers – à réduire la surpopulation carcérale et à documenter les violations des droits de l'homme dans les prisons.
Pour ce faire, deux avocats, membres du CLDH, effectuent des visites régulières dans les prisons pour identifier les personnes vulnérables. Sont ainsi prises en charge « les personnes pouvant être relâchées immédiatement, ayant au maximum deux affaires en cours ou encore nécessitant une confusion de leurs peines, ainsi que les personnes démunies et celles qui n'ont pas d'avocats », précise Me Hasna Abdel-Rida. D'ailleurs, depuis un an déjà, un numéro d'urgence est mis à la disposition des prisonniers sur l'ensemble du territoire, ajoute-t-elle.
Ainsi, sur 100 détenus assistés par le CLDH en 2013, 70 ont pu être relâchés.

Réforme du système carcéral
De son côté, le magistrat Raja Abinader a axé son intervention sur la stratégie nationale visant à transférer la direction des prisons du ministère de l'Intérieur au ministre de la Justice. Cette opération, qui bénéficie de l'appui des Nations unies et de la France, a été officiellement lancée en 2012, par décision gouvernementale.
Se penchant sur les principaux problèmes du système carcéral libanais, notamment « le manque de spécialisations », le juge Abinader a expliqué que la solution ne consiste pas à transférer les prérogatives des fonctionnaires d'un ministère donné à ceux d'un autre ministère, mais à « créer un établissement public quasi indépendant, ayant son propre budget, ses propres cadres, ses propres capacités de recrutement et de licenciement, qui fonctionnera sous la tutelle du ministère de la Justice », insiste-t-il. « La direction des établissements pénitentiaires est une science, affirme encore le juge Abinader. Elle doit par conséquent être confiée à des spécialistes. »
En attendant les textes nécessaires, le ministère de la Justice a déjà entamé quelques actions sur le terrain, notamment une collaboration avec le ministère des Affaires sociales dans le cadre de laquelle « les phases d'admission des prisonniers "arrivants" se fait par un fonctionnaire civil officiel ». Ce dernier est chargé de remplir un dossier social pour chaque prisonnier, de distribuer un kit d'hygiène, d'expliquer les droits et devoirs des prisonniers...
Abir Abdel-Samad, du ministère des Affaires sociales, a quant à elle insisté sur l'intervention du ministère auprès des groupes marginalisés, notamment les femmes enceintes et les nouveau-nés, pour qui désormais un suivi médical et social est assuré. Et de souligner la nécessité de traiter d'une manière « professionnelle » avec les groupes marginalisés que constituent les prisonniers âgés et handicapés, ainsi que les toxicomanes.
L'absence d'une stratégie de détention, la confusion entre l'institution de détention et l'institution de peine, la nécessité d'augmenter le budget alloué à la justice, les problèmes rencontrés au niveau de la détention provisoire... Autant de thèmes débattus par les participants à la table ronde.

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