The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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June 26, 2012

L'orient le jour - Attaque contre al-Jadeed : l’enquête préliminaire confirme l’appartenance des agresseurs à Amal, June 26 2012


Des quartiers de Beyrouth-Ouest ont été bouclés en soirée par des émeutiers, mécontents de l’interview de cheikh al-Assir, diffusée dimanche par la NTV.
Ironie du sort : le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a affirmé, à l’issue de la réunion du Conseil central de sécurité qui s’est tenue hier, que « la situation est bonne et la sécurité au Liban sera la meilleure de toute la région », avant d’annoncer que le mois prochain verra des mesures de sécurité renforcées, le jour comme la nuit. Ce plan annoncé s’avère d’emblée problématique, à en juger par la série d’incidents sécuritaires qui ont troublé Beyrouth-Ouest en soirée, coïncidant en outre avec la deuxième séance de dialogue national...
C’est une profonde instabilité, presque un état d’anarchie, qu’a révélée l’attaque en soirée contre le siège de la télévision al-Jadeed, à Tallet el-Khayat. Vers 21h30, en effet, un groupe de cinq hommes masqués sont arrivés devant le siège de la NTV à bord d’un véhicule Pajero de couleur dorée. Munis de revolvers et de pneus, ils se sont dirigés vers l’entrée du bâtiment, dont le concierge a immédiatement scellé les portes. Tandis que certains de ces miliciens tiraient en direction du bâtiment, d’autres disposaient des pneus sur le côté adjacent de l’entrée, avant de les incendier et de prendre la fuite. Selon les clichés des caméras de surveillance de la chaîne, les cinq hommes paraissaient se déplacer en toute liberté dans les rues de Beyrouth, comme un gang qui exhibe sa violence sans aucune retenue. La chaîne al-Jadeed a indiqué en direct, sans interrompre ses émissions, qu’elle subissait « l’attaque d’inconnus masqués qui ont mis le feu au bâtiment » et appelé les forces de sécurité à « intervenir immédiatement ». Un appel qui a abouti, puisque les services de renseignements de l’armée ont pu arrêter, avec l’aide de gardes de la NTV et de jeunes du quartier, l’un des miliciens, Wissam Alaeddine, reconduit à la caserne Hélou des Forces de sécurité intérieure, à la rue de Verdun. Il serait à la tête du groupe d’agresseurs, avec des antécédents à son registre, liés notamment à la drogue. Les poursuites continuaient hier pour repérer les quatre autres.

Interview d’al-Assir et mécontentement de membres d’Amal
L’interrogatoire de Wissam Alaeddine a révélé une information-clé, confirmée par une source sécuritaire à L’Orient-Le Jour, et que tous les responsables ont soit démentie, soit contournée. Les membres ayant perpétré l’agression contre la NTV sont « tous des membres du mouvement Amal, qui pourraient ou non être des membres indisciplinés », confie cette source. Le président de la Chambre Nabih Berry n’a pas tardé à démentir pareilles allégations, dénonçant l’incident, avant même le chef de l’État et le Premier ministre, qui ont stigmatisé l’atteinte aux médias. Le ministre de l’Agriculture Ali Hassan Khalil (Amal) s’est même rendu au siège d’al-Jadeed, pour dénoncer fermement l’attaque. « Toutes les mesures nécessaires doivent être prises, quelle que soit l’identité de l’agresseur », a-t-il martelé, démentant par ailleurs tout lien entre l’incident et l’interview accordée à al-Jadeed la veille par l’imam de la mosquée de Bilal ben Rabah de la ville de Saïda, cheikh Ahmad al-Assir. Ce dernier avait en effet dénoncé, dimanche, la tentative du président de la Chambre d’empêcher la création d’un établissement, à Saïda, portant le nom de Aïcha (à connotation sunnite).
 
Cheikh al-Assir n’a pas manqué de réagir hier à l’attaque contre al-Jadeed, allant même jusqu’à publier le lien de la page Facebook du prévenu Wissam Alaeddine. Les pages que ce dernier soutient via Facebook révèlent son identité de fervent pratiquant chiite et partisan du régime syrien : « La Syrie, Dieu et Bachar qui la protège »; « Voyons combien de personnes aiment Sayyed Hassan Nasrallah » ; les pages de la chaîne (syrienne) ad-Dounya et de chaînes satellitaires chiites pro-iraniennes, ainsi que d’autre pages de nature religieuse chiite ...
 
Le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel, qui s’est également rendu sur place à Tallet el-Khayyat, n’a pas écarté le rapport entre l’attaque contre al-Jadeed et l’interview diffusée avec cheikh al-Assir. Le ministre Charbel a toutefois rejeté toute implication d’une partie politique. « Les agresseurs ne bénéficient d’aucune couverture politique », a-t-il affirmé, laissant entendre qu’il s’agirait peut-être d’une « cinquième colonne ».
 

Daouk et les médias dénoncent l’atteinte flagrante aux libertés
Cet incident soulève l’enjeu de la protection des journalistes, pris dans une conjoncture politico-sécuritaire de plus en plus dangereuse. Alors que la responsable des informations à al-Jadeed Mariam al-Bassam qualifiait l’attaque de « crime et de terreur contre les médias », le ministre de l’Information Walid Daouk est intervenu via la chaîne pour assurer qu’il déploiera tous ses efforts pour assurer le respect des médias au Liban. Il s’est ensuite rendu au siège d’al-Jadeed en affirmant avoir notifié de l’incident le ministre de la Justice Chakib Cortbawi, alors même qu’il se trouve actuellement en dehors du pays. « Toutes les procédures ont été initiées pour contrer de nouvelles attaques contre les médias », a-t-il ajouté, rappelant que la chaîne compte déjà une victime, le cameraman Ali Chaabane, tué par des tirs syriens aux frontières nord. Insistant sur « le caractère absolu de la liberté d’expression », Walid Daouk a appelé à l’adoption « de mesures les plus fermes à l’encontre des agresseurs ».
 
À l’heure d’aller sous presse, des incidents ponctuels agitaient plusieurs quartiers de Beyrouth-Ouest, dont les grands axes ont été coupés à la circulation : des tirs ont été signalés en direction du centre Concorde à Verdun ; l’armée a effectué des perquisitions à Zokak el-Blatt et Béchara el-Khoury ; un groupe de jeunes, mécontents de l’interview de cheikh al-Assir, ont bloqué avec des pneus brûlés le rond-point du ring Fouad Chehab, ainsi que Aïcha Bakkar et Hamra...
Plus tôt dans la journée, d’autres incidents sécuritaires avaient été enregistrés : un citoyen a été enlevé dans le quartier Cola par des inconnus à bord d’une jeep Cherokee noire. Cette information, diffusée par la MTV, a été ensuite démentie par la OTV ; à Tripoli, la trêve a été une nouvelle fois fragilisée par des tirs qui ont fait un blessé à Bab el-Tabbaneh et qui ont été suivis de l’explosion d’une bombe artisanale dans la rue de Syrie, séparant ce quartier de Baal Mohsen...

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