The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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December 16, 2015

L'orient le jour - TSL - Badreddine, l’homme aux multiples facettes, raconté par un témoin, December 16, 2015



Jeanine Jalkh




L'une des multiples facettes de Sami Issa – alias Moustapha Badreddine, l'un des cinq accusés dans l'affaire Rafic Hariri – a été dévoilée hier par un de ses amis qui l'a connu quelques années avant l'assassinat de l'ancien Premier ministre, en février 2005, avant de le perdre peu à peu de vue à partir de 2006.

Sollicité par l'accusation, le témoin, dont le nom est resté secret et qui bénéficiait de mesures de protection, a dressé devant les juges de la chambre de première instance du Tribunal spécial pour le Liban à La Haye, le profil de Sami Issa – un faux nom utilisé par Moustapha Badreddine comme précisé dans l'acte d'accusation.

Le témoin a rencontré Sami Issa au début des années 2000, à l'université de la LAU (Lebanese American University) que les deux jeunes hommes fréquentaient à l'époque. La relation amicale, qui avait commencé par un incident – Sami Issa avait vraisemblablement tenté de séduire l'amie du témoin en lui offrant un gobelet avec la photo de la jeune fille imprimée dessus – s'est renforcée au cours de l'année 2004, avant de commencer ensuite à s'étioler petit à petit, « sans raison valable », dès 2005, confie le témoin.




Sami Issa possédait un bateau et plusieurs voitures cossues (une Mercedes, une Audi et une Range Rover ). Il était bijoutier de profession et avait trois magasins, dont un situé dans la rue commerçante de Mar Élias, le seul que le témoin affirme avoir visité.

Les deux hommes – le témoin avait 20 ans à cette époque et Sami Issa, la trentaine – fréquentaient souvent les boîtes de nuit, les restaurants et les plages. Ils se voyaient au moins trois à quatre fois par semaine. Le nombre de messages et d'appels qu'ils échangeaient – 1 365 en 2004 – répertoriés par les enquêteurs et évoqués au cours de l'audience, attestent de la régularité des rapports qu'ils entretenaient, notamment à la veille de l'assassinat de Rafic Hariri. Les échanges ont progressivement baissé dès la seconde moitié de l'année 2005, devait préciser l'accusation.



Une arme automatique dans la voiture

Bien que les deux amis fréquentaient ensemble l'université, Sami Issa n'a semble-t-il donné aucune indication au témoin concernant le cursus d'études qu'il suivait, aucun signe non plus sur ses inscriptions aux examens.

Interrogé sur ses affinités politiques, le témoin affirme qu'il était plutôt proche de Rafic Hariri alors que Sami Issa, « qui avait un avis différent », appartenait aux rangs de l'opposition à Hariri et était proche du Hezbollah.

Il explique avoir vu plus d'une fois une arme automatique dans la voiture de son ami, posée à sa droite, dans un étui en tissu ouvert. Mais, dit le témoin, il ne savait pas à quoi elle servait et ne lui a jamais posé de questions à ce sujet. Pressé par les juges, il finit par lancer : « Le fait qu'il était bijoutier justifiait à mon sens la présence de la mitraillette. »

Sami Issa avait un appartement à Jounieh, qui lui servait à recevoir ses amis qu'il invitait de temps à autre à un barbecue ou à fumer le narguilé. Cependant, il ne vivait pas dans cet appartement, assure le témoin, qui ajoute ne pas savoir où il vivait exactement. Il ne savait rien non plus sur sa famille dont il n'avait jamais parlé devant lui. Et en réponse aux questions du procureur sur les visites de Sami Issa à Damas, le témoin soutient n'avoir jamais posé de questions à ce sujet.




Deux messages échangés à deux dates – le premier en novembre 2004 dans lequel Sami Issa l'informe de son départ en Syrie – le second, le 15 décembre 2004, soit un mois après, dans lequel le témoin lui demande « comment s'est passée sa visite en Syrie » – sont évoqués lors de l'audience. Le témoin affirme ne pas s'en souvenir dans les détails.

Le jour du 13 février 2005, le témoin, qui se trouvait à Faraya, a reçu un appel téléphonique de son ami à 2h du matin. La conversation, qui a duré près de 30 minutes, a porté sur le « scandale » de l'huile d'olive – une donation faite par l'ancien Premier ministre à des familles nécessiteuses, et dont l'annonce a déclenché une série de critiques dans les milieux hostiles à Hariri qui ont accusé ce dernier de chercher à acheter les voix des électeurs. « Sami Issa m'a appelé du Liban-Sud où il se trouvait. Il a condamné ce qui s'est passé, estimant que l'initiative de Rafic Hariri n'était qu'un acte caritatif. »

Surpris, les juges lui demandent comment se fait-il qu'une telle conversation, « à caractère politique », ait eu lieu à 2 heures du matin ? « Ce n'était pas un sujet politique. On parlait d'une action caritative. C'était le sujet du jour et tout le monde en parlait », répond le témoin.



Il annonce la chute du gouvernement

Ce dernier est également interrogé sur une série de messages échangés avec Sami Issa, l'une sur la nomination d'un certain « GZ » au ministère de l'Intérieur – « Ghazi Kanaan peut-être ? » s'interroge le président de la chambre de première instance, le juge David Re – et un second message dans lequel le témoin annonce à son ami la chute du gouvernement libanais.

Dans un autre message daté du 15 novembre 2004, le témoin prévient son ami d'une conversation qu'il a eue avec un officier des FSI qui lui demandait s'il pensait que Sami Issa « était influent ». Ce dernier lui répond dans un autre message : « Je dois l'être puisque je bois du Red Bull. »




En réponse à une série de questions sur les traits physiques et la tenue vestimentaire de Sami Issa, le témoin indique qu'il avait les cheveux courts et portait tout le temps une casquette, qu'il changeait selon les occasions. L'accusation lui soumet alors la photo d'un homme avec une casquette et lui demande s'il le reconnaît. « Il ressemble à Sami Issa, mais je n'en suis pas certain », dit le témoin.




On apprendra également que Sami Issa était blessé à la jambe droite, « un accident aux Émirats arabes unis où il a vécu quelque temps », dit le témoin. Ce dernier sera à nouveau entendu en janvier prochain.

Au début du mois de décembre, trois autres témoins proches de Sami Issa, également protégés, ont été sollicités par l'accusation. L'un d'entre eux était le garde du corps de l'accusé, le second, un ancien employé de la bijouterie « Samino » que possédait l'accusé, et le troisième, un ami à lui. Les trois témoins ont évoqué le style de vie de Sami Issa, sa tenue vestimentaire, ses traits physiques et certains de ses traits distinctifs.

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