The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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September 3, 2015

L'orient le jour - Wadih el-Asmar à L’OLJ Tol3et re7etkoum est pour un État de droit, September 03, 2015

Anne-Marie EL-HAGE


Pourquoi le mouvement « Vous puez ! » a-t-il investi hier le ministère de l'Environnement ? Pouvez-vous évaluer cette action ?
Ce que nous avons fait mardi soir est pour le Liban un pas en avant. Nous avons montré au pouvoir et à la société qu'il est possible de faire entendre sa voix de manière pacifique et créative. Nous avons aussi montré à l'État que nous n'allons pas faire marche arrière, mais que nous poursuivons notre combat, nos actions, notre avancée.
Nous voulions une action forte et symbolique, qui s'inscrive dans la mouvance pacifique. Nous voulions aussi une action citoyenne. C'est la raison pour laquelle nous avons pacifiquement investi les locaux du ministère de l'Environnement. Nous n'avons rien abîmé, rien cassé. Nous n'avons gêné personne. En retour, nous avons été conspués, provoqués, pour donner aux forces de l'ordre le prétexte de l'usage de la force.
Pour rappeler ce qui nous a poussés à cette action, le mouvement « Tol3et re7etkoum » a émergé il y a environ deux mois avec la crise des déchets et une revendication très claire : trouver une solution au problème des ordures et obtenir la démission du ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk. Nous estimons que le premier fondement de l'État est basé sur le principe de la responsabilité ou de la reddition des comptes (accountability). C'est dans ce cadre que nous avons organisé plusieurs manifestations, pour pousser le gouvernement à assumer ses responsabilités, mais le pouvoir est resté sourd à nos demandes.
Au départ, nous n'étions qu'une poignée de militants ayant des revendications citoyennes. Samedi dernier, 70 000 personnes environ nous ont rejoints, place des Martyrs, par leurs propres moyens, pour scander nos revendications. C'est dire combien les citoyens aspirent à une solution à la crise des déchets! Une nouvelle fois, le pouvoir n'a pas réagi à notre appel et n'a pas assumé ses responsabilités. Bien au contraire, il a continué à refuser toute solution qui n'assure pas aux hommes politiques des revenus illégaux. Nous lui avions pourtant donné un ultimatum de 72 heures qui était venu à échéance mardi soir.
Entre-temps, faut-il rappeler les tirs des forces de l'ordre contre les manifestants et les bombes lacrymogènes lancées? Je crains fort que le pouvoir libanais ne soit pas à la hauteur de la situation, car il n'a toujours pas répondu aux attentes des citoyens. Cela fait pourtant deux mois que nous vivons au beau milieu des poubelles, sans la moindre solution à l'horizon.

Sur base de ce constat, quelle est la prochaine étape du mouvement ?
Nous réfléchissons à la prochaine étape, à nos actions à venir et au message que nous souhaitons véhiculer. Un message qui se situe toujours dans le cadre de nos revendications. Peut-être est-il temps de passer à autre chose. Mais aujourd'hui, une chose est certaine. Notre mouvement a redonné à nombre d'autres mouvements le goût de réinvestir la place publique. À leur tour, ils n'hésitent plus à organiser des sit-in.
Toutefois, il ne faut pas oublier que notre mouvement n'a que deux mois. C'est un mouvement de jeunes qui ne peut assumer la responsabilité de trouver la solution à tous les problèmes, mais qui a redonné espoir aux Libanais. Nous ne voulons pas décevoir toutes ces personnes qui ont mis leur espoir dans notre mouvement.



Cette action a été très critiquée à la fois par le 8 Mars et le 14 Mars. Auriez-vous entrepris une telle action si le ministre n'était pas « un gentleman », mais un ministre plus politisé susceptible d'avoir une réponse plus musclée ?
Avec des « si », on mettrait Paris en bouteille. Restons dans le cadre de notre débat. Nous avons agi de la sorte car nous sommes submergés par la crise des ordures. À partir du moment où le ministre de l'Environnement a reconnu sa mauvaise gestion du dossier et son incapacité à le régler, il doit se retirer. Nous réclamons sa démission, uniquement parce qu'il est le ministre de tutelle. Nous n'avons aucune tendance politique.
Quant aux autres accusations, qu'elles viennent du 8 Mars ou du 14 Mars, elles sont nombreuses et ridicules. Elles se situent dans le cadre des techniques de discrédit utilisées par les pouvoirs dictatoriaux pour diviser le groupe. Celui qui se sent visé, c'est son problème. Nous ne pouvons plaire à tout le monde, mais en même temps, nous n'avons pas pour objectif de faire plaisir à la classe politique libanaise qui a lamentablement échoué.
En tant que groupe, les partis politiques ne nous intéressent pas. Notre mouvement est indépendant, tant dans sa façon de travailler que dans ses mécanismes. Nous voulons juste sauver ce pays. Car nous étouffons littéralement sous les ordures. Que se passera-t-il lorsqu'il pleuvra et que les ordures s'infiltreront dans le sol ? Le pouvoir est d'une telle inconscience, d'une telle inconsistance !





Qu'en est-il de la feuille de route du mouvement « Vous puez ! » ?
La feuille de route de « Tol3et re7etkoum » est clairement affichée. Nous réclamons une solution à la question des déchets et la démission du ministre de l'Environnement. Nous demandons aussi que les membres des forces de l'ordre qui ont tiré sans sommation sur des manifestants civils soient mis en détention provisoire. Ces personnes doivent rendre des comptes, de même que le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui a failli à sa tâche et qui doit être tenu pour responsable. Également parmi nos revendications, l'argent dû aux municipalités doit leur être restitué pour leur permettre d'apporter des solutions au problème des déchets. Enfin, nous réclamons un nouveau Parlement, car nous estimons que le Parlement actuel n'a aucune légitimité populaire.
En conclusion, nous ne sommes pas un mouvement contre quelque chose, mais pour un État, un État de droit.

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