The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

Search This Blog

August 18, 2011

L'Orient le jour - En attendant le procès de La Haye..., August 18, 2011


Ce moment historique, les Libanais l’attendaient depuis de très longs mois. Ils l’attendaient tantôt avec impatience, tantôt avec une vive appréhension. Car la publication, hier en fin de matinée, de la teneur d’une partie de l’acte d’accusation dans l’affaire de l’assassinat de Rafic Hariri et de ses compagnons intervient à n’en point douter dans un contexte sociopolitique et géopolitique à plus d’un titre explosif. La tension chronique sunnito-chiite qui se manifeste un peu partout dans la région se traduit ainsi par des actes récurrents de violence en divers points du Moyen-Orient, et à l’ombre d’une telle conjoncture, un dossier tel que celui de l’acte d’accusation du Tribunal spécial pour le Liban, avec toutes ses ramifications libanaises et régionales, n’est pas pour arranger les choses sur la scène locale.
Dans un autre registre, ou pour être plus précis dans un registre complémentaire, la divulgation des indices et faits incriminant quatre cadres supérieurs du Hezbollah dans l’attentat du Saint-Georges intervient aussi alors que le contentieux avec le régime baassiste du président Bachar el-Assad est non seulement remis sur le tapis avec force au Liban, mais il s’accompagne désormais d’un bain de sang dont est victime le peuple syrien au cœur même de la Syrie. Or pour nombre d’observateurs, le séisme qui a frappé le Liban le 14 février 2005 n’aurait pas pu être provoqué sans un commanditaire syrien, et à cet égard, certains des acteurs haut placés qui occupent présentement le devant de la scène sur les bords du Barada sont pointés du doigt pour leur rôle présumé dans la planification de l’assassinat de Rafic Hariri.
Mais toutes ces possibles implications régionales et locales – du Hezbollah, au régime syrien, en passant peut-être, à en croire le Der Spiegel, par le pouvoir iranien – n’apparaîtront véritablement au grand jour, et d’une manière progressive, qu’avec l’ouverture du procès à La Haye, prévue, selon certaines sources, avant la fin de l’année. Encore que l’on pourrait en savoir davantage sur ce plan lorsque seront divulgués, sans doute avant la fin du mois, les autres actes d’accusation se rapportant à l’assassinat de Georges Haoui et aux attentats qui ont visé les anciens ministres Marwan Hamadé et Élias Murr.
Mais en attendant que se décantent patiemment à La Haye dans les prochains mois, voire dans les prochaines années, toutes les circonstances de l’opération terroriste du 14 février et de la série d’attentats qui y sont liés, l’attention sera focalisée à moyen terme sur la teneur du document rendu public hier par le TSL. D’emblée, plusieurs observations peuvent être relevées : l’acte d’accusation rapporte, avec une précision mathématique et avec moult détails à l’appui, un ensemble complexe de preuves circonstancielles solides, basées essentiellement sur un vaste réseau de télécommunications, qui bétonnent la crédibilité et le professionnalisme de l’équipe du procureur Daniel Bellemare et de l’ensemble du TSL ; en outre, et comme pour parfaire cette méthodologie, les faits rapportés par l’acte d’accusation ne sont nullement fondés sur des analyses ou des supputations politiques liées à la conjoncture du printemps 2005 ; le document ne met nullement en cause, par ailleurs, le Hezbollah, mais fait état uniquement de l’implication présumée de cadres du parti chiite qui sont présentés comme tels, en précisant explicitement que les accusés ont bénéficié de la part du Hezbollah d’un entraînement spécial qui les habilite bel et bien à effectuer des opérations terroristes ; cette réserve dans la mise en cause du Hezbollah en tant que formation (le statut du TSL stipule d’ailleurs clairement que l’accusation ne saurait porter sur des partis ou des États) apporte ainsi un démenti cinglant aux accusations de « politisation » lancées par l’axe syro-iranien pour tenter de discréditer le tribunal international.
Il reste que les faits relatés par l’acte d’accusation parlent d’eux-mêmes. Ce qui a poussé le leader du courant du Futur, Saad Hariri, à inviter le directoire du Hezbollah à adopter une « position historique » en se démarquant ouvertement des accusés. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n’a pas saisi toutefois la perche qui lui était tendue et s’est employé une fois de plus, hier soir, à assurer aux accusés, qu’il a pris soin de qualifier de militants, la couverture totale du Hezbollah, non sans avoir présenté au passage l’action du TSL comme une « agression » contre la communauté chiite, dans un double souci de se poser constamment en victime et de stimuler encore plus l’identification des chiites au Hezbollah.
Dans un tel contexte, la grande inconnue – si tant est qu’il s’agit réellement d’une « inconnue » – réside maintenant dans l’attitude que pourrait adopter le gouvernement. Le Premier ministre Nagib Mikati a pris les devants hier soir sur ce plan en réaffirmant la détermination de son équipe à respecter les engagements du Liban envers les résolutions internationales et le TSL. Mais le réalisme politique impose de souligner qu’à cet égard, il y a bien loin de la coupe aux lèvres...


No comments:

Post a Comment

Archives