The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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September 2, 2014

L'orient le jour - La difficile coexistence entre Libanais et réfugiés syriens au Liban-Sud, September 02, 2014



Patricia Khoder




Le Liban-Sud compte actuellement plus de 150 000 réfugiés syriens qui ont trouvé refuge entre Saïda, Tyr, Nabatiyé, Marjeyoun, Bint Jbeil et d'autres localités aux confins de la frontière avec Israël. Et comme dans toutes les régions libanaises accueillant des Syriens, les municipalités et les habitants se plaignent de l'impact sur les réseaux d'électricité, d'eau ou des égouts et sur la collecte des ordures. Ils dénoncent aussi la concurrence de la main-d'œuvre syrienne spécialisée (coiffeurs, esthéticiennes, électriciens, plombiers, couturiers, mécaniciens...) qui pratique des prix beaucoup plus bas que ceux des travailleurs libanais.

Dès 2012, le Pnud a mis en place un plan pour venir en aide aux communautés hôtes et cela pour que le Liban et son peuple puissent mieux faire face à la crise humanitaire syrienne qui pourrait encore durer des années.

L'organisation onusienne est présente avec ses projets de développement au Liban-Sud depuis l'an 2000, au lendemain du retrait israélien du Liban. Cette partie du pays avait également bénéficié de l'aide internationale à la suite de la guerre de juillet 2006.




La crise syrienne a remis le Liban-Sud sur la carte des donateurs, même si la région n'est plus aussi pauvre que le Liban-Nord, notamment le Akkar, où presque tout est à faire.

Au Liban-Sud, vu la présence du Hezbollah, le dossier syrien est néanmoins régi différemment que dans les autres régions du pays. Ainsi, la construction de campements champignons a été interdite et les réfugiés syriens vivent uniquement dans des appartements loués. De plus, dans chaque localité, un couvre-feu imposé aux Syriens a été décrété. Ainsi, dans la quasi-totalité des villages des cazas de Zahrani, Tyr, Bint Jbeil et Nabatiyé, les déplacés syriens n'ont pas le droit de se déplacer après la tombée de la nuit.

Les responsables locaux disent que ces mesures permettent de mieux contrôler la situation et d'éviter les problèmes. Ils indiquent également que dans les régions du Liban-Sud, les réfugiés syriens savent qu'ils ne doivent pas défendre leurs idées politiques. Cela signifie qu'ils doivent comprendre qu'ils sont là uniquement pour des raisons humanitaires.




De plus, même si la plupart des réfugiés syriens appartiennent à la communauté sunnite, il y a – comme partout au Liban – des affinités communautaires : les Syriens chrétiens préfèrent louer des appartements au Kesrouan, au Metn et à Zahlé, les Syriens druzes optent pour la Montagne, alors que les Syriens chiites vont dans la Békaa et au Liban-Sud. Toutes ces communautés sont minoritaires par rapport aux Syriens sunnites qui comptent 84 % de la population.

À Bayssariyé, 6 500 réfugiés syriens

Avant « la guerre en Syrie, Bayssariyé comptait 7 000 personnes originaires du village, 7 000 venues d'autres localités du Sud et 1 200 réfugiés palestiniens. Aujourd'hui, il faut ajouter 6 500 réfugiés syriens », explique Fouad Mouchaourab, président du conseil municipal de cette localité chiite de l'est de Saïda (caza de Zahrani). « Avant mars 2011, nous accueillions peut-être 200 à 250 ouvriers syriens. Avec la guerre, ils ont amené leurs familles et leurs proches ; nous sommes devenus un point de chute. Nous tenons à aider. Mais leur présence constitue un poids pour la municipalité. Il faut savoir dans ce cadre qu'à l'instar de toutes les municipalités, notre budget n'a pas augmenté, mais nous devons payer des charges supplémentaires pour assurer nos services aux réfugiés syriens. Cela s'applique surtout à la collecte des ordures. Nous avons acheté ainsi deux nouvelles camionnettes », poursuit-il.

D'autres problèmes se présentent également, comme la pression mise sur le réseau électrique. « La localité compte 17 transformateurs électriques. Aujourd'hui, deux d'entre eux sont encore intacts, tous les autres ont subi des dommages parce qu'ils sont utilisés au-dessus de leurs capacités. L'eau aussi pose problème. Nous nous sommes tournés vers le Conseil du Sud, mais les responsables nous ont dit qu'ils ne peuvent pas nous aider », ajoute-t-il.

Les écoles de la localité assurent des classes supplémentaires aux enfants syriens.

« Le problème se pose aussi au niveau de l'emploi. La main-d'œuvre syrienne spécialisée pratique des prix au rabais et les Libanais se retrouvent au chômage », note-t-il.




À Tebnine, qui compte actuellement 2 000 habitants pour 1 200 réfugiés syriens, ce sont des ONG locales qui sont impliquées dans l'intégration des Syriens à la communauté locale.

Le village, qui avait accueilli les soldats de la Finul depuis 1978 et qui avait bénéficié – à l'instar de tout le Liban-Sud – des aides octroyées par la communauté internationale après le retrait israélien en mai 2000, est habitué à travailler avec les Nations unies.

C'est grâce au Pnud que l'une des ONG de Tebnine, baptisée « Les jeunes de demain », a mis en place des activités regroupant des enfants et des adolescents syriens et libanais pour renforcer la cohésion sociale. Aidés par les Nations unies en 2000 et en 2006, aujourd'hui ils travaillent d'une façon autonome. Ils ont également, au fil des ans, acquis le savoir-faire nécessaire pour créer diverses activités et être capables de gérer seuls les dons des ONG internationales.

Tout avait commencé au lendemain du retrait israélien du Liban-Sud quand le Pnud avait décidé de soutenir les jeunes de la zone anciennement occupée, encourageant des projets pour la culture de la paix, entre diverses communautés de la région : les chiites majoritaires, les sunnites, les chrétiens et les druzes.

Les femmes de Bint Jbeil

À Bint Jbeil, chef-lieu de caza, c'est une coopérative de production de produits agroalimentaires qui vient d'ouvrir également une usine de couture, qui profite de l'aide du Pnud.

Salwa Bazzi, la directrice de la coopérative qui emploie actuellement des réfugiées syriennes, souligne : « Nous apprenons de leur savoir-faire et nous les aidons en leur payant un salaire. Les femmes syriennes sont expertes dans la préparation des pickles et des fruits et légumes séchés, dit-elle. Nous avons bénéficié de l'aide du Pnud en 2007, aujourd'hui nous écoulons nos produits au Liban-Sud et dans les pays arabes, et cela grâce à la YMCA qui vient de nous acheter 150 kilos de blé vert séché pour la consommation des Libanais de Dubaï », ajoute-t-elle un brin de fierté dans la voix.




La coopérative des femmes de Bint Jbeil compte 17 membres. C'est une mini-success story de femmes parties de rien... qui confectionnaient des produits agroalimentaires chez elles. Aujourd'hui, elles travaillent dans un grand local équipé de tous les produits nécessaires à la fabrication.

Même si elles emploient des Syriennes, les membres de la coopérative qui exercent d'autres métiers en ville se plaignent « des réfugiés syriens qui reçoivent désormais toutes les aides et qui deviennent ainsi plus riches que les hôtes eux-mêmes ». « Les femmes syriennes enfantent tous les neuf mois, relève l'une des membres de la coopérative. En 2006, 1996 et 1982, nous avons été obligés de partir de chez nous à cause des Israéliens, mais personne ne nous a aidés autant que les Syriens sont aidés actuellement. »

Les femmes commencent donc à faire des comparaisons et à se plaindre de la cherté de vie au Liban, alors que les réfugiés syriens sont aidés pour le paiement du loyer, du chauffage en hiver...

Hussein Nasrallah est le responsable des projets du Pnud consacrés à la communauté hôte au Liban-Sud. Ce programme a été lancé en 2012. Il souligne que divers projets sont mis en place, en rapport notamment avec l'irrigation, l'eau potable, les eaux usées, la collecte des ordures et les coopératives agricoles qui regroupent de plus en plus de Libanais et de Syriens. Les projets touchent nombre de localités, de Zahrani à Chebaa.

Des projets spécifiques à chaque village sont aussi mis en place. À Sarafand, un marché aux poissons est en construction. À Khyam un atelier de couture est prévu.

À Zawtar, c'est du thym qui a été planté. Des ruches d'abeilles ont été ajoutées. Aujourd'hui, la coopérative de la localité produit aussi bien du thym que du miel. Des produits qu'elle écoule dans la région et à Beyrouth.

À Chebaa, un étage supplémentaire dans une école de la localité et un marché pour la vente des produits du terroir sont en cours de construction.



En tout, le budget consacré actuellement aux communautés hôtes du Liban-Sud, financé par le Pnud, s'élève à 2 200 000 dollars.

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