The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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April 28, 2010

L'Orient Le Jour - Femme acharnée et pétrie d’humanité, Bouran Boueiri se sent investie d’une mission

Fondatrice de l'association Les amis du Liban à Monaco, Bouran Boueiri a fait de l'éducation et de la santé ses priorités. Pour cette Libanaise de souche au parcours singulier, l'objectif est d'offrir aux enfants une chance de vie meilleure. Portrait.
Bouran Boueiri est ce qu'on peut appeler une acharnée. Cette femme a de l'énergie à revendre, mais surtout de l'humanité. Et justement, c'est le cocktail qu'elle offre aux enfants par le biais de l'association Les amis du Liban à Monaco qu'elle a fondée en 2004 avec l'aide
d'ami(e)s. « Au départ, on faisait des manifestations ou des soirées caritatives, mais de façon non officielle. De plus en plus de personnes ont voulu devenir membres, il a bien fallu créer une unité crédible et fiable », explique-t-elle.
Pour comprendre comment tout cela a été possible, il suffit de s'arrêter sur le parcours de celle qu'on surnomme « Boubou », la présidente. Libanaise d'origine, Bouran a tout juste 20 ans lorsqu'elle quitte le Liban direction Monaco, en 1987, pour être fille au pair pendant 6 mois. Finalement, elle y restera 2 ans. Pourquoi avoir quitté le Liban ? Issue d'une famille traditionnelle, Bouran perd son père très jeune et se retrouve en pensionnat durant toute sa scolarité de jeune fille. Devenue adolescente, elle est très vite appelée par l'envie de venir en aide aux autres et souhaite exercer le métier d'infirmière. Malgré le désaccord de son entourage, il n'est pas question d'abandonner son projet. Alors, pour contenter tout le monde, cette jeune fille téméraire étudie la journée et travaille de nuit à l'hôpital.
À 16 ans, elle cumule aussi des bénévolats dans plusieurs associations libanaises. Un rythme soutenu qu'elle n'a jamais vraiment abandonné depuis. Durant ces années intenses, plusieurs drames surviennent, la poussant à prendre ses distances avec son pays natal. D'abord, elle assiste à l'assassinat de son chauffeur. Peu de temps après, elle doit faire face à la mort de plusieurs amis dans un tragique accident. Deux événements qui la marqueront à jamais. « Je fais partie de ceux qui ont souffert de la guerre de très près », raconte-t-elle.
Malgré son besoin d'ailleurs, à 22 ans, la jeune femme désire rentrer au pays. Impossible : l'aéroport de Beyrouth est fermé et la Syrie est sous les bombes. Elle doit se rendre à l'évidence. Et l'évidence est là : c'est l'opportunité de sa vie. « De toute façon, je savais que je ne voulais plus être infirmière, je ne supportais plus l'odeur de l'hôpital que j'associais à un passé trop douloureux. » Bouran veut passer à autre chose. Elle parvient à tourner la page, comme souvent, grâce à une rencontre. Alors qu'elle est standardiste dans un hôtel de Monaco, elle fait la connaissance d'un grand créateur italien. Très vite, ce dernier est enthousiasmé par la personnalité et le charisme de Bouran. Il décide de l'engager dans sa boutique en tant que vendeuse.
C'est un changement de décor radical pour cette ancienne infirmière. Mais sa capacité d'adaptation la hisse, à peine trois semaines plus tard, au rang de directrice de la boutique. Au bout d'un an et demi, elle affiche les meilleures ventes de la marque dans le monde et décide, dans la foulée, d'ouvrir sa propre boutique et de lancer sa marque. Une partie des bénéfices est d'ailleurs reversée à l'association.
En 1992, Bouran épouse un Français avec qui elle aura deux filles. « J'ai choisi le mariage civil parce que je me suis toujours sentie hors des histoires de religion. Les membres de ma famille ne sont pas venus. » Après un long déracinement de onze ans, Bouran décide d'emmener son mari et ses filles au Liban, en 1999. Retourner aux racines oui, mais pas les mains vides. Elle apporte dans ses bagages les habits de ses filles qui ne servent plus, des jouets d'enfants, qu'elle ira redistribuer avec ces dernières aux enfants défavorisés. Ainsi débutent les premières étapes de son engagement.
Son désir d'aider les plus démunis prend véritablement forme en 2001, lorsque, soutenue par des joueurs de football comme Didier Deschamps, elle parvient à rassembler 35 000 euros pour une association monégasque au profit d'enfants libanais. La motivation et l'entêtement de Bouran sont récompensés puisque la fois d'après c'est 45 000 puis 150 000 euros qui sont récoltés. « On a réussi à acquérir de plus en plus de crédibilité », se souvient-elle. Alors, elle et ses amis allemands, brésiliens, italiens, anglais et espagnols fondent, en décembre 2004, Les amis du Liban.
« Bouran est sincère, juste et droite. Son vécu a beaucoup contribué à façonner la femme qu'elle est devenue aujourd'hui », confie l'ambassadrice de l'association et présentatrice vedette, Joumana Bou Eid. « Ce qui m'a donné envie de les représenter ici au Liban, c'est la transparence de leur association, ajouté au fait qu'ils couvrent tout le territoire sans faire de distinction religieuse ou communautaire », ajoute-t-elle.
Selon les chiffres de la Croix-Rouge libanaise, 27 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les cazas du Akkar et du Hermel seraient les deux premières régions concernées. Pour Bouran, qui ne vivait plus au Liban, il était inconcevable de ne rien faire pour les déshérités de son pays natal, ceux qui n'ont pas eu sa bonne étoile. « J'ai eu une chance extraordinaire de pouvoir vivre à Monaco, on y est protégé. Là-bas, même si on est personne, on peut se retrouver assis à côté du prince Albert II. » D'ailleurs, rien n'aurait été possible sans un soutien important du prince.
À l'occasion d'une des soirées caritatives, Bouran déclare de façon simple, transparente, spontanée, comme à son habitude, qu'en lui « ouvrant les bras, Monaco avait aussi adopté des milliers d'enfants libanais ». Elle sait que son investissement est bénéfique, même si il implique des sacrifices de taille.
« Avant l'association, j'avais trois boutiques, il ne m'en reste plus qu'une. Je me sens investie d'une mission, même si je dors peu et que je vois peu mes filles : je m'accroche. Je n'ai pas le droit de m'arrêter. »

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