The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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May 30, 2011

L'orient Le Jour - Un « café avec un ex-détenu » : plaidoyer contre l’exclusion sociale des anciens prisonniers - May 30, 2011

Par Suzanne BAAKLINI | 30/05/2011

De beaux modèles de chapeaux faits main de toutes les couleurs, exposés jeudi dans la salle attenante à l’amphithéâtre où le débat a eu lieu, à la NDU.
De beaux modèles de chapeaux faits main de toutes les couleurs, exposés jeudi dans la salle attenante à l’amphithéâtre où le débat a eu lieu, à la NDU.
CONFÉRENCE Quatre anciens détenus dans des geôles libanaises, deux hommes et deux femmes, ont raconté des histoires souvent incroyables, lors d'un débat organisé à la Notre Dame University par l'Association de secours aux prisonniers et à leurs familles (ASPF).


La voiture de G., une jeune femme, a été heurtée à l'arrière par une 4x4 qui s'est retrouvée dans un ravin, faisant quatre morts. Résultat : G., qui au moment des faits n'a même pas réalisé ce qui lui arrivait, s'est retrouvée trois mois en prison à la place du chauffeur de l'autre voiture, sorti indemne du terrible accident. K. a quatre enfants d'un père étranger, dont deux filles de 11 et 13 ans. Alors qu'elle voulait défendre ses filles contre de fausses allégations de harcèlement sexuel, elle se retrouve elle-même en prison pour une affaire de mœurs qui n'a jamais eu lieu et qui s'avère être une affaire de vengeance familiale. J. est sorti de prison après 19 ans de détention pour se retrouver dans un monde transformé. Ji., père de cinq enfants, a été écroué pour une banale histoire de bagarre, et n'aurait pu payer sa caution pour sortir de prison sans le concours de l'ASPF. Depuis sa sortie, personne n'accepte de l'embaucher.
Les voix étaient émues et les yeux larmoyants lors des témoignages d'ex-détenus jeudi soir à la NDU, dans le cadre d'un événement non conventionnel organisé par l'université et l'ASPF, baptisé « café avec un ex-détenu » pour son côté convivial. Le débat a eu lieu sur fond de renoncement du ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud à exercer ses fonctions, alors qu'il devait être le parrain de la conférence.
L'ASPF en a profité, par la voix de sa secrétaire générale Liliane Tomb, pour promouvoir l'idée d'une politique carcérale fondée sur la réhabilitation des détenus au lieu de l'actuel concept de punition doublé de corruption dans les prisons. Elle a lancé deux projets qui vont dans ce sens : les chapeaux de paille confectionnés par les prisonnières de Baabda dans un atelier récemment créé dans cette prison (grâce à un financement italien), et dont plusieurs modèles étaient exposés jeudi, et le système de parrainage de cautions pour prisonniers incapables de payer la somme qui les sépare de leur liberté. En effet, comme l'a indiqué au cours du débat William Issa, président de l'ASPF, il y a de nombreux cas de prisonniers qui servent un temps plus long en prison en raison de leur incapacité à s'acquitter de leur caution ou, parfois, comble de l'absurde, de leur méconnaissance de la date exacte de leur sortie !
Il ressort du débat de jeudi que la pauvreté et l'injustice sévissent aussi en prison. L'histoire de G. est ahurissante, parce qu'elle peut arriver à n'importe qui. « Ma voiture a été percutée à l'arrière, les photos le prouvent, dit-elle en les montrant à L'Orient-Le Jour. À l'instant même, je n'ai pas compris ce qui m'arrivait, j'ai cru que le chauffeur avait fui. Ce n'est qu'en voyant les automobilistes se diriger vers le ravin que j'ai vu l'autre voiture. On m'a placée cinq jours en garde à vue au commissariat, au mépris de toutes les règles en vigueur. Et le chauffeur n'a jamais été arrêté alors que c'est lui le coupable ! » William a ajouté : « Les cas de délation sont nombreux, on accuse l'autre pour l'envoyer en prison à sa place. »
G. et K. ont qualifié l'emprisonnement de « difficile », bien qu'elles aient relevé le « bon traitement » qui leur a été réservé à la prison de Baabda. J. et Ji. ont surtout insisté sur les préjugés qui les suivent de toute part depuis leur sortie. « Pour la société, proche et moins proche, tous ceux qui ont fait de la prison sont purement et simplement des criminels, déplore J. Nous sommes réduits à l'étiquette d'anciens prisonniers. »
« Nous espérons que la société deviendra plus clémente avec les ex-détenus, a plaidé William Issa. Les histoires que nous avons entendues aujourd'hui prouvent que chacun de nous est exposé à une injustice. Quant aux criminels jugés, souvenons-nous que personne n'est à l'abri de la faute. »
Pour encourager les prisonnières et acquérir un chapeau de paille fait main, ou pour aider à payer la caution d'un prisonnier afin qu'il retrouve sa famille, il est possible de contacter l'ASPF au 70-649979. 

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