The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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June 26, 2014

L'orient le jour - Des enfants de femmes libanaises militent aux côtés de leurs parents pour faire valoir leur droit à la nationalité, June 26, 2014

Marion Weisslinger



Les militants libanais de la campagne « Ma nationalité, un droit pour ma famille et pour moi » ont organisé hier un sit-in place Riad el-Solh, au centre-ville de Beyrouth, afin de dénoncer le discret décret de naturalisation signé par le président de la République sortant, Michel Sleiman, juste avant son départ, accordant la nationalité libanaise à plus de 600 étrangers.

Que de rêves remis en cause ! On peut notamment citer Nadira Nahas et ses deux fils étudiants qui aspirent respectivement à devenir médecin et pilote, deux professions inaccessibles pour celui qui n'est pas libanais. Ou encore, le fils de 13 ans de Hanadi Hamido, qui se tient fièrement à côté de sa mère pour montrer qu'il soutient ses revendications et comprend, à un âge pourtant encore tendre, la légitimité de sa lutte. Ce jeune adolescent a dû faire face à de nombreuses railleries de la part de ses camarades au début de sa scolarité du fait de sa situation d'étranger. Néanmoins, il a su garder la tête haute et se rêve maintenant en grand scientifique, un métier qui lui est également interdit.

Les exemples des difficultés rencontrées par les femmes, ayant épousé des étrangers, et leurs familles se multiplient et se perdent dans un cri unanime de colère et de détresse.
L'information est claire et se veut tranchante : les Libanaises sont arrivées à saturation. « Nous ne voulons plus être considérées comme des citoyens de seconde classe, clame Lina Abou Habib, directrice exécutive du Collectif de recherche, de formation et de développement (CRTDA), qui organise la campagne. Le gouvernement ne peut pas librement humilier, en faisant passer nos revendications légitimes après celles de personnes étrangères dont on ignore les services qu'elles ont bien pu rendre à la nation et dont la naturalisation s'est opérée en cachette, à la barbe de tous les principes de transparence démocratique. »
Lina Abou Habib fait référence au décret susmentionné, qui n'a pas été publié dans le Journal officiel. La liste complète des naturalisés a été obtenue par le journal al-Akhbar. Elle affirme qu'il ne s'agit là que de simples « magouilles politiques » illustrant la « nature clientéliste » du système libanais.
Selon l'article 3 de l'arrêté n° 15/S du 19 janvier 1925, le chef de l'État a cependant légalement la possibilité par sa signature d'octroyer la nationalité libanaise aux étrangers qui ont vécu de façon continue pendant cinq ans sur le territoire libanais ou encore à ceux ayant « rendu au Liban des services importants ».

Une citoyenneté amputée...

« Nous ne militons pas contre cette prérogative du président, mais bien contre l'humiliation qu'il fait subir aux femmes libanaises, insiste encore Lina Abou Habib. Nous militons depuis tant d'années pour obtenir que nos maris et surtout nos enfants jouissent de la nationalité du pays qu'ils ont adopté et du pays dans lequel ils sont nés ! »

Car c'est bien d'une citoyenneté amputée dont « jouissent » les Libanaises, n'ayant pas la possibilité de transmettre leur nationalité par les liens institutionnels du mariage et surtout par les liens du sang. En effet, si l'arrêté précité du 19 janvier 1925 permet aux hommes libanais l'octroi à leur épouse de la naturalisation au bout d'un an, sans plus de précisions, il n'autorise pas une telle possibilité aux femmes.



Il s'agit tout simplement de « discrimination », lance Nadira Nahas, alors que l'article 7 de la Constitution libanaise proclame le principe d'égalité entre les deux genres. Et de fait, le Liban a été à plusieurs reprises pointé du doigt par les instances internationales. Ainsi Amnesty International, dans une déclaration publique datant du 12 avril 2010, et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (Cedaw), lors de sa session de 2008, ont exhorté le Liban à modifier ce décret et ses retombées négatives sur l'égalité hommes-femmes au sein du pays.

Et pourtant rien ne change au pays du Cèdre. Des concessions certes ont été faites en 2010 et 2011 pour faciliter l'obtention des permis de séjour et de travail aux enfants et aux époux des Libanaises, leur accordant une « résidence de courtoisie » valide pour trois ans renouvelables. Cela n'est toutefois pas suffisant pour les militantes. Il faut avant tout un changement en profondeur et non des demi-mesures qui laissent un goût amer. Car de la sorte, « le Liban se prive de nombre de citoyens, mais surtout de beaucoup de "cerveaux" alors qu'il a besoin de gens cultivés et bien éduqués », s'indigne Nadira Nahas.
Malgré un dossier qui a du mal à avancer, les militantes du mouvement ne comptent pourtant pas en rester là. D'autres manifestations sont prévues pour que leurs revendications ne disparaissent pas sous la pile croissante des dossiers urgents auxquels le Liban se trouve confronté.

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